Quel avenir pour la jeunesse au Moyen-Orient ?

Qui étaient les divers acteurs invités à Amman pour le IV^e colloque de la francophonie ?

Les acteurs de l’enseignement catholique que sont les prêtres, les laïcs, les religieux et religieuses se sont réunis le 16 et 17 juin 2023, à Amman, en Jordanie. Plus de 250 participants, issus de six pays différents ont souhaité réfléchir sur l’avenir des jeunes des écoles chrétiennes au Moyen-Orient. À cette occasion, ont été conviés Alexis Le Cour Grandmaison, ambassadeur de France en Jordanie ; Mgr Hanna Kaldani, représentant du patriarcat latin de Jérusalem et vicaire patriarcal de Jordanie et Madame Haifa Najjar, ministre de la Culture de la Jordanie. L’Oeuvre d’Orient qui œuvre depuis 1856 auprès des chrétiens d’Orient a organisé ce colloque sur l’enseignement catholique et la francophonie. Deux éditions précédentes s’étaient déroulées respectivement à Paris en 2014 et 2016 et à Beyrouth (Liban) en 2018.

Quels divers enjeux pour ce colloque ?

Les partenaires avaient besoin de se retrouver pour dresser un état des lieux, des besoins et des perspectives d’avenir de l’éducation francophones dans la région. Réunis sur le thème : « l’avenir des jeunes des écoles chrétiennes au Moyen-Orient », cette édition a mis l’accent sur les perspectives de la jeunesse et sur le rôle des écoles chrétiennes francophones dans la stabilité des populations. Ces écoles chrétiennes qui accueillent filles et garçons, chrétiens, musulmans, druzes, les plus riches comme les plus pauvres. luttent à temps et à contre-temps pour offrir une instruction aux enfants. Malgré les crise sociales, économiques et financières qui touchent certains pays comme le Liban, les religieuses des écoles chrétiennes continuent d’accueillir les enfants et de leur offrir un avenir. Elles participent pleinement au développement de la francophonie et assurent un accès à l’éducation.

On recense près de 550 établissements francophones au Moyen-Orient et plus de 400 000 élèves. Quelles aides financières pour les pays du Moyen-Orient ?

Les 204 écoles et 7 universités aidés par le fonds en 2022 sont ainsi situés pour 143 écoles et 6 universités au Liban où la population souffre depuis plusieurs années d’une crise sociale, économique et financière, 22 en Égypte, 9 en Israël, 18 écoles et une université dans les territoires palestiniens, 4 en Irak et 8 en Jordanie. En 2020 et 2021, le fonds des écoles d’orient avaient soutenu 141 établissements et 174.

Qu’est-ce que le fonds mis en place en 2020 pour le réseau des écoles chrétiennes ?

Pleinement conscient des défis et des enjeux à relever dans cette zone de la région, un fonds public-privé pour soutenir les écoles francophones chrétiennes au Proche et Moyen-Orient a été ouvert en janvier 2020, sur décision du chef de l’État, Emmanuel Macron. Abondé à la fois par l’État et l’Œuvre d’Orient, ce fonds est également ouvert aux contributeurs extérieurs. Face « à l’ampleur des moyens », le Président de la République a décidé de doubler les moyens en octroyant chaque année 4 millions d’euros « pour aider les écoles les plus fragiles. »

Pourquoi le Président de la République, Emmanuel Macron réaffirme-t-il son soutien envers les minorités fragilisées et menacées par les conflits au Moyen-Orient ?

Parce que ces écoles sont des relais uniques de la francophonie en Orient. Elles sont aussi le ciment d’une cohabitation pacifique entre les différentes communautés. Pour marquer son soutien aux chrétiens d’Orient, le Président de la République a adressé un message personnel aux 250 participants. Le discours, lu par l’ambassadeur, Alexis Le Cour Grandmaison rappelle le rôle historique de la France avec les chrétiens d’Orient. « L’engagement de la France aux côtés des chrétiens d’Orient est ancien, a souligné le Président de la République, Emmanuel Macron. Le cadre politique de ce lien a profondément évolué mais la France continue à se mobiliser en faveur de ces populations amies, avec lesquelles nous avons une longue histoire commune. […] L’histoire de notre relation avec les chrétiens d’Orient est indissociable de l’ancrage de la francophonie dans la région. Ils la font vivre de multiples manières. J’insisterai aujourd’hui sur le rôle essentiel des établissements scolaires qu’ils animent et entretiennent depuis des siècles. Ce sont des foyers de diffusion de la langue française mais ils partagent aussi avec la France la même conception universaliste du savoir, que ces communautés veulent rendre accessible au plus grand nombre, en promouvant des valeurs de tolérance, d’humanisme et de vivre ensemble. » Ce discours est intéressant à plus d’un titre, car le Président de la République Emmanuel Macron s’était rendu en Jordanie le 20 décembre 2022 à l’occasion du deuxième Sommet de Bagdad pour la coopération et le partenariat.

Quelles sont les défis de demain pour les écoles chrétiennes ?

« C’est vrai qu’il y a beaucoup de difficultés au Moyen Orient, a expliqué devant les 250 participants Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient. Nous devons non pas les ignorer mais les dépasser, nous devons ouvrir des chemins, ouvrir des pistes. Nous croyons que les valeurs chrétiennes que vous portez sont un élément d’évolution possible de ces sociétés à partir du moment où on les met en partage, au service. […] La force des chrétiens d’Orient est de se mettre au service de la population au nom de l’Évangile. Quel projet de société voulons-nous pour la jeunesse au Moyen-Orient ? Les chrétiens doivent pouvoir être les acteurs de ces sociétés. Nous devons dépasser les difficultés. »