« Un nouveau souffle… » par Mgr André Dupleix

La clôture de l’année sacerdotale à Rome le vendredi 11 juin, en présence de très nombreux prêtres et évêques, bien loin d’être un terme ouvre au contraire – me semble-t-il – des perspectives de confiance et d’espérance pour notre Église catholique. On peut en effet penser que – grâce aux innombrables initiatives prises à travers le monde – ce temps fort aura permis de soutenir et de faire mieux comprendre la place et le rôle des prêtres, non seulement dans la vie de l’Église et des communautés chrétiennes mais aussi, et en conséquence, au service de la société.

À vues spirituelles, et en perspective chrétienne bien évidemment, la permanence et la nécessité du ministère presbytéral ne peuvent être remises en cause ni affectées par les changements qui ont pu marquer l’évolution de nos sociétés – et continueront de le faire. Si les prêtres ne sont pas les seuls à annoncer le message de l’Évangile, ils s’y consacrent de manière spécifique et totalement, en donnant sans réserve leur vie au Christ qui les appelle et les envoie.

Je me suis souvent déplacé au cours des deux années écoulées et j’ai rencontré beaucoup de prêtres qui – tous types de ministères confondus – exprimaient leur attachement à la mission reçue, sans en nier pour autant les difficultés et sans minimiser les épreuves traversées. Des prêtres heureux et déterminés, lucides et résistants, capables de vivre jusqu’au bout l’engagement pris, tout en affrontant critiques et incompréhensions, hésitations ou remises en question.

Ce qui m’a le plus frappé, à l’occasion des rencontres organisées autour du témoignage et du message du saint curé d’Ars, c’est la capacité de ces prêtres, et je dirais plutôt notre capacité (car je me suis toujours senti intégralement solidaire de leur démarche) à percevoir aujourd’hui les enjeux de notre mission, fût-ce dans un contexte d’inévitables tensions institutionnelles ou personnelles. Je suis souvent rentré de ces échanges réconforté et encouragé dans ma propre vie apostolique.

C’est par dizaines de milliers que des prêtres de tous les continents se sont manifestés cette année, comme pour rappeler à la face du monde que leur effacement n’était pas pour demain et que leur engagement spirituel et humain les plaçait au cœur battant de nos sociétés. De nombreux articles ou reportages ont permis à bien des fidèles mais aussi de personnes éloignées de toute pratique religieuse, d’entrer davantage en familiarité avec l’existence quotidienne de ces hommes aux visages et aux personnalités si différents mais tous unis par une même passion : l’annonce de l’Évangile au nom du Christ et le don de la paix et de la réconciliation. Et que dire de la campagne médiatique relayée par plusieurs médias sur la vocation presbytérale ou du succès – inattendu à une telle échelle – du groupe de chanteurs « Les prêtres » ?

Aux côtés de saint Jean-Marie Vianney, bien d’autres grandes figures de notre histoire peuvent être également et tout autant rappelées : le landais Vincent de Paul, le basque Michel Garicoïts, l’alsacien Charles de Foucauld, le lyonnais Antoine Chevrier ou, hors de nos frontières, le polonais Jerzy Popieluszko, jeune prêtre martyr, tout récemment béatifié. Et tant d’autres…

Le ministère des prêtres, par sa dimension tant mystique que sociale, s’inscrit aujourd’hui, en sa singularité religieuse, parmi les ressources spirituelles dont peut disposer notre temps pour l’aider à trouver un équilibre et – pourquoi pas ? – un nouveau souffle…

Mgr André Dupleix
Secrétaire général adjoint
Conférence des évêques de France