Données sociales pour le continent africain

En 1963, dans le cadre d’une réunion de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), les leaders africains décidèrent de conserver un vestige de la règle coloniale, en maintenant les frontières coloniales et les descriptions des Etats en dépit de leur caractère artificiel. Cette décision n’a cependant pas été suivie par un développement parallèle d’un sens de la nation qui fasse de la diversité ethnique une source d’enrichissement mutuel et qui privilégie le bien commun national sur les intérêts des paroisses ethniques. Ainsi, la diversité ethnique continue à être le semis des conflits et des tensions qui défient même le sens d’appartenance des uns et des autres comme membres de l’Eglise-Famille de Dieu.

L’esclavage et la réduction en esclavage, que le monde arabe a engagé sur la côte est de l’Afrique et que les Européens, avec la collaboration des africains eux-mêmes, ont récupéré au XIV siècle, en l’étendant à l’ensemble du continent, ont représenté un déplacement forcé d’africains. Actuellement, la migration volontaire des fils et des filles d’Afrique vers l’Europe, l’Amérique et l’Extrême-Orient pour différentes raisons, les place dans des conditions serviles qui requièrent notre attention et notre soin pastoral.

La période qui a suivi la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique, à savoir le début du Troisième millénaire, semble avoir coïncidé avec l’émergence au niveau continental de la part des leaders africains eux-mêmes d’un désir de « renaissance africaine ».

Les leaders politiques africains semblèrent décidés à changer l’image de l’administration politique sur le continent et ont mené une autocritique de l’Afrique qui identifie le pauvre et le mauvais gouvernement sur le continent comme causes de la pauvreté et des malheurs de l’Afrique. Par conséquent, ils ont indiqué la voie du bon gouvernement et de la formation d’une classe politique capable de conserver le meilleur des traditions ancestrales de l’Afrique et de l’intégrer aux principes de gouvernement des sociétés modernes. Ils ont adopté un cadre stratégique (NEPAD) afin de guider sa mise en œuvre et de donner le ton au renouvellement de l’Afrique grâce à un leadership politique transparent.

La relation radicale entre la manière de gouverner et l’économie est claire et démontre que le mauvais gouvernement provoque une mauvaise économie. Ceci explique le paradoxe de la pauvreté du continent qui est certainement le plus richement comblé de dons du monde. La conséquence de cette « équation gouvernement-économie » est qu’il est difficile de trouver un pays d’Afrique qui puisse faire face à ses obligations budgétaires, à savoir à la planification de son programme financier national, sans avoir recours à une aide extérieure sous forme de donations ou de prêts. Le recours continuel à ces prêts pour garantir les budgets nationaux gonfle le lourd fardeau de la dette. L’Eglise universelle s’est associée à l’Eglise en Afrique dans le cadre d’une campagne en faveur de son éradication au cours du Grand Jubilé de l’An 2000.

Il existe également un certain nombre de phénomènes et d’initiatives internationales dont l’impact sur la société africaine et certaines de ses structures valent la peine d’être évaluées et qui posent de nouveaux défis à l’Eglise. Si l’importance croissante donnée à la place et au rôle des femmes dans la société constitue une heureuse évolution, l’avènement au niveau mondial de styles de vie, de valeurs, d’attitudes et d’associations, etc. qui déstabilisent la société, est inquiétant. Ceci attaque les piliers fondamentaux de la société (le mariage et la famille), diminue son capital humain (migrations, diffusion des drogues et commerce des armes) et met en danger la vie sur la planète.

Au terme de cet exposé, qui est naturellement incomplet, il est clair que même si le continent et l’Église sur le continent africain ne sont pas encore sortis de leurs peines, ils peuvent déjà se réjouir pudiquement de leurs réalisations et des performances positives, et commencer à démentir les généralisations stéréotypées concernant les conflits, la famine, la corruption et le mauvais gouvernement. Les quarante-huit pays qui forment l’Afrique subsaharienne sont caractérisés par de grandes différences en ce qui concerne les situations de leurs Églises, leur gouvernement et leur vie sociale et économique. De ces quarante-huit nations, seules quatre: la Somalie, le Soudan, le Niger et certaines régions de la République démocratique du Congo sont actuellement en guerre et au moins deux d’entre elles sont en guerre, du fait d’ingérences étrangères: la République démocratique du Congo et le Soudan. À vrai dire, il y a moins de guerres en Afrique qu’en Asie.

De plus en plus, des mercenaires et des criminels de guerre sont dénoncés, reconnus coupables de crimes et jugés. Un fonctionnaire de la République démocratique du Congo a fait l’objet de poursuites judiciaires et Charles Taylor, du Libéria, comparaît devant la Cour internationale.

« La vérité est que l’Afrique a été chargée pendant trop longtemps par les médias de tout ce qui était répugnant pour le genre humain et il est temps de « passer à la vitesse supérieure » et de dire la vérité sur l’Afrique avec amour, en favorisant le développement du continent, ce qui portera au bien-être du monde entier. Les pays du G8 et les pays du monde entier doivent aimer l’Afrique en vérité! Généralement considérée comme occupant le dixième rang de l’économie mondiale, l’Afrique est cependant le deuxième marché mondial émergeant après la Chine. Elle représente donc, ainsi que l’a indiqué le sommet du G8 à peine conclu, un continent d’opportunités. Cela doit être également vrai pour les peuples de ce continent. On peut espérer que la poursuite de la réconciliation, de la justice et de la paix réalisée en particulier par les chrétiens, du fait de leur enracinement dans l’amour et dans la miséricorde, permette de restaurer la totalité de l’Eglise-Famille de Dieu sur le continent et que cette dernière, en tant que sel de la terre et lumière du monde, puisse guérir le cœur humain blessé, ultime repaire où se niche la cause de tout ce qui déstabilise le continent africain. Ainsi, le continent africain et ses îles réaliseront les opportunités et les dons qui lui ont été donnés par Dieu ».

Extrait du VIS du 5 octobre 2009