Congrégation de la Mission, le dialogue international
La mémoire populaire en a fait un bienfaiteur de l’humanité, une sorte de saint laïc. Mais il faut se rappeler que Saint Vincent ne se serait jamais mis au service de l’autre s’il n’y avait eu la découverte de Dieu pour lui-même. L’appréhender uniquement comme un homme d’action, c’est passer à côté de sa dimension d’intériorité. Saint Vincent insiste sur l’amitié avec Dieu et sur la réalité concrète. Cette unité est fondamentale. C’est pourquoi nous lions mission et charité car le salut auquel nous sommes appelés n’est pas désincarné. J’aime particulièrement cette phrase de l’un des biographes récents de Saint Vincent : « Vincent n’était pas le rêveur utopique mais le solliciteur pratique et réaliste des riches pour le bénéfice des pauvres ». Dans un contexte de crise et de pessimisme tel que le nôtre, cette phrase résonne. Saint Vincent nous invite à retrousser nos manches aujourd’hui encore.
Et pour les congrégations et institutions qui se réclament de St Vincent de Paul, quel est l’enjeu de cette année anniversaire ?
En dehors de la redécouverte de notre propre patrimoine, un des objectifs, c’est de renforcer les liens entre les différentes branches. Dans nos communautés, on ne peut plus vivre en vase clos. Aujourd’hui, il faut fonctionner davantage en réseaux. En France, c’est un peu difficile mais en Afrique et en Amérique Latine où le sens de la famille est plus fort, la collaboration est courante.
Au sein de cette famille vincentienne, comment se porte votre congrégation ?
On nous présente souvent en déclin. Au contraire, nous vivons une période révolutionnaire : celle de l’internationalisation. En France, nous sommes certes moins nombreux, environ 140 sur 4150 membres dans le monde, mais la Congrégation de la Mission se développe en Amérique latine, en Asie, en Afrique. Surtout, nos communautés deviennent internationales, interculturelles. En banlieue parisienne, par exemple, notre communauté de la Courneuve (93) compte trois confrères : un Français, un Béninois et, depuis peu, un Indien. Cette rencontre des cultures a du sens face aux populations rencontrées : la différence n’est-elle pas une chance pour, ensemble, accueillir l’autre, le Tout-Autre et pour aller plus loin ?
Comment vivez-vous la fidélité aux intuitions de votre fondateur, parallèlement à l’actualisation de son message ?
Au point de départ, il y avait trois objectifs : travailler à notre propre sanctification, évangéliser les campagnes et former le clergé. Jusqu’aux lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat, nous étions responsables d’un grand nombre de séminaires en France. Aujourd’hui, ce souci passe par une grande attention aux lieux d’Eglise en situation de précarité. Nous insistons particulièrement sur le travail avec les laïcs pour vivre cette mission. Une équipe poursuit la tradition de la mission paroissiale itinérante et nous sommes en recherche de nouvelles manières d’intervenir ponctuellement pour des temps forts d’annonce de la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui nous aime et qui compte sur chacun d’entre-nous ; c’est-à-dire redire l’essentiel de notre foi de manière accessible. Un autre de nos chantiers de réflexion et de dialogue concerne l’action avec et auprès des plus démunis. La « Fidélité créatrice à la mission » sera justement le thème de notre assemblée générale fin juin 2010 à Paris.
Lorsque la maison-mère de la Société des Prêtres de la Mission fut transférée en 1632 au prieuré Saint-Lazare, une ancienne léproserie) à Paris, les prêtres furent couramment appelés lazaristes. La société fut approuvée par Urbain VIII en 1633 sous le nom de Société des Prêtres de la Mission.