« Un abus de pouvoir de notre part »
Si l’adoption devient possible pour un couple de même sexe car ce « droit » – qui est le droit de faire une demande et non d’adopter ! – est consécutif au mariage dans le code de la famille. Mais les associations militantes savent que ce droit risque d’être une coquille vide. D’où la revendication pour l’assistance médicale à la procréation. Elles savent en effet que très rares sont les pays, à l’international, qui accepteraient de prendre en compte les dossiers de ces couples. Et en France, nous savons qu’il y a peu d’enfants adoptables. Dans les faits, l’adoption se limiterait essentiellement à l’enfant du conjoint. Mais le geste de la société – rendre possible l’adoption – serait une rupture d’égalité de droit vis à vis des enfants, qui n’auront pas, demain, les mêmes types de familles.
C’est déjà une réalité. Faut-il l’instituer ? Il y a assez de l’histoire réelle, avec les drames et les malheurs de la vie. Nombre d’enfants adoptés s’adaptent bien, grandissent et vivent heureux. Mais les événements produits par la vie sont différents d’une inscription dans la loi. Il ne s’agit pas de juger des personnes, de leur amour ou de leurs qualités éducatives, mais d’une question de droit et de philosophie du droit. Nous sommes sur une ligne de crête. Il y aurait comme un abus de pouvoir de notre part.
Je crois par ailleurs que sur notre sujet nous gagnerions en clarté et peut-être en équilibre à ne pas trop y mêler l’homosexualité. Car la question sociétale est : la société veut-elle donner les mêmes droits à des couples de même sexe et aux couples de sexes différents ? L’orientation sexuelle ne nous regarde pas ici puisqu’il s’agit avant tout du sens de l’institution du mariage. Sinon nous mettons – à nouveau – de l’intime sur la place publique, ce qui renforce les passions et peut aussi provoquer des réactions homophobes réelles. »
Propos recueillis par Florence de Maistre