« Le scout est l’ami de tous » … même sur facebook !
Témoignage de M. François Mandil, Délégué national développement et communication chez les Scouts et guides de France, à l’occasion de l’opération « Toile de Miséricorde », lancée par l’Eglise catholique en France, pour la 50ème Journée mondiale de la communication, dimanche 8 mai 2016.
Je ne suis pas tout à fait sûr de bien maîtriser le concept de Miséricorde et il me faudra sûrement bien plus qu’une année jubilaire pour le saisir tout à fait. L’amour inconditionnel, quelle gageure. Les scouts, qui cherchent à faire déjà de leur mieux, disent « Un Éclaireur est l’ami de tous, et le frère de tous les autres Éclaireurs » Soyons honnête, quand il faut gérer les comptes d’un mouvement comme les Scouts et Guides de France, notre miséricorde est souvent mise à l’épreuve.
Fin avril, une vidéo virale se répand : une web télé anonyme d’extrême-droite affirme que les scouts de Houilles n’auraient plus le droit de sortir dans la rue en tenue, contrairement aux musulmans qui pourraient eux s’exhiber. Il suffit en effet d’asséner sans vergogne quelques mensonges éhontés et provocateurs pour nourrir la peur des uns et susciter l’indignation des autres. Bien souvent d’ailleurs, cette indignation offre la meilleure publicité possible aux pyromanes.
Que faire ? Réagir et donc offrir une tribune inespérée à cette officine ? Ignorer et risquer de laisser croire qu’il pourrait y avoir un début de vérité ? Je n’ai pas résisté et j’ai interpelé une personne qui diffusait le lien. La discussion était évidemment impossible et c’est moi qui était sommé de prouver que c’était faux et que je n’étais pas franc-maçon.
On pourrait citer les innombrables attaques hélas terriblement douloureuses et injustes sur le scoutisme qui serait une réserve de victimes pour prêtres pédophiles, ou encore une armée de fascistes de réserve ou, à l’inverse, des hippies apostats. Qui sont ces gens ? De quels maux souffrent-ils pour passer autant d’animosité dans les réseaux sociaux ? De quels schémas étriqués sont-ils prisonniers ? Quoi qu’il en soit, répondre à l’agressivité par l’agressivité serait la pire des solutions, il vaut mieux garder du temps pour s’enthousiasmer avec les joies que les jeunes partagent.
Car les réseaux sociaux, ce sont aussi les adhérents tout contents de voir leur photo publiée sur le compte national, ce sont les infos que l’on peut échanger, l’entraide pour retrouver Lucas, un jeune pionnier disparu, les surprises dans les apostrophes, l’humour avec les autres mouvements de scoutisme… Je me permets même de penser que ces réseaux sociaux, notamment grâce à l’action de l’association indépendante « multi-scoutisme » La Toile Scoute, ont contribué à rapprocher les mouvements et reléguer aux oubliettes de l’histoire les tensions qu’on pouvait constater sur le terrain.
Il arrive qu’un texte d’Evangile, entendu 100 fois, résonne différemment la 101ème fois. Ce fut mon cas avec la femme adultère et cette parole « Vous jugez selon la chaire, moi je ne juge personne » (Jn, 8, 15) Lors d’une interpellation violente, mensongère, nous ne savons souvent rien de la personne derrière le compte, de son histoire. Qui sommes-nous pour juger ? Je me retourne souvent vers cette parole pour exercer la miséricorde. « La vie est trop courte pour qu’on se dispute » écrivait Baden-Powell en 1922. Souvent, je me dis qu’il aurait été très bon sur twitter.