Quête de l’Epiphanie 2024 pour les églises d’Afrique
Comme chaque année, l’Église de France organise une quête partielle impérée pour les églises catholiques d’Afrique le jour de la célébration de l’Épiphanie. Le thème retenu pour porter cette campagne 2024 est : Choisir de migrer ou de rester ?
Quelle chance pour une personne de pouvoir choisir de migrer ou de rester chez elle ! Les Africains qui mettent leur vie en danger, en essayant de traverser le Sahara et la Méditerranée, choisissent-ils de migrer ou de rester ? Ont-ils vraiment le choix ?
Souvent entassés dans des embarcations de fortune ou des bateaux en mauvais état, les migrants ne perçoivent pas toujours qu’ils mettent leur vie en danger. Différents responsables politiques, économiques et religieux, en Afrique comme en Europe, n’osent pas toujours répondre à la question suivante : pourquoi tant de jeunes risquent-ils leur vie en essayant de traverser la Méditerranée ?
Les personnes qui quittent leur pays le font souvent malgré elles. Elles fuient un pays en guerre, une situation de chômage, de détresse ou de pauvreté, pour tenter de « sauver leur peau » ou d’améliorer leurs conditions de vie. Pour de nombreux « migrants en puissance », leur vie n’a plus de sens s’ils continuent à vivre la situation qui est la leur. La vie est si précieuse qu’il est préférable de tenter d’en améliorer les conditions, y compris en la mettant en danger. Suis-je en train de justifier le risque que prennent les « migrants en puissance » ? Non, j’essaie de comprendre.
Le Pape précise à Marseille, le samedi 23 septembre 2023, que la Méditerranée « porte en elle une vocation mondiale à la fraternité, vocation unique et unique voie pour prévenir et surmonter les conflits ». Il faut que cette mer « redevienne un laboratoire de paix. Car telle est sa vocation : être un lieu où des pays et des réalités différentes se rencontrent sur la base de l’humanité que nous partageons tous, et non d’idéologies qui opposent ». Ces migrants qui arrivent en Europe sont « des frères dont nous devons connaître l’histoire, et non des problèmes gênants, en les expulsant, en les renvoyant chez eux ; il consiste à les accueillir, et non les cacher ; à les intégrer, et non s’en débarrasser ; à leur donner de la dignité. Et Marseille, je veux le répéter, est la capitale de l’intégration des peuples. C’est votre fierté ! ».
Pierre Diarra, théologien, administrateur de « Aide aux Eglises d’Afrique », Consulteur du Dicastère pour le dialogue interreligieux.