Journée missionnaire mondiale 2015 : trois défis pour l’annonce de l’Evangile
A partir du message du Pape François pour la prochaine Journée missionnaire mondiale (18 octobre 2015), le Père Antoine Sondag, Directeur du Service national de la Mission universelle de l’Eglise (SNMUE), relève trois défis pour l’annonce de l’Evangile et dégage quatre points d’attention.
Le message du Pape pour la Journée missionnaire mondiale (18 octobre 2015) est traditionnellement publié à l’avance, le jour de la Pentecôte cette année. Le message fait quatre courtes pages, il peut se lire comme une excellente synthèse de quelques thèmes chers au pape. « Tout baptisé est appelé à rendre témoignage au Seigneur Jésus… La dimension missionnaire appartient à la nature même de l’Eglise… la mission n’est pas prosélytisme ni stratégie… celui qui suit le Christ ne peut que devenir missionnaire… la mission est passion pour Jésus-Christ et en même temps passion pour les personnes… » On reconnaît le thème central de la mission que le Pape François décline au long de ses discours et de ses écrits : la mission consiste à sortir, sortir de l’Eglise pour annoncer la foi reçue en don, aller aux périphéries, marcher à la suite du Christ, pour annoncer l’Evangile qui est source de joie.
Le Pape, dans ce message, met en exergue trois défis pour cette annonce de l’Evangile.
Le premier défi consiste à partir des propres racines culturelles des peuples et groupes auxquels on annonce l’Evangile. Il faut sauvegarder les valeurs et cultures respectives des groupes auxquels on s’adresse. « Reconnaître à chaque peuple et culture le droit d’être aidé par sa propre tradition… l’Evangile est lumière pour les cultures et force transformatrice pour ces cultures ».
Le second défi consiste à identifier les destinataires privilégiés de l’annonce évangélique : les pauvres, les petits, les infirmes, les méprisés, les oubliés…
Le troisième défi consiste à promouvoir la présence des laïcs pour cette tâche missionnaire. Même pour un temps limité, pour une expérience de terrain.
Conclusion : L’Evangile est joie, libération et salut.
J’ajouterais ici volontiers quatre points de commentaire.
- Ce message célèbre le cinquantenaire de la publication du décret conciliaire « Ad Gentes » (l’Evangile annoncé aux peuples, sous-entendu aux peuples qui ne l’ont pas encore entendu). Notre tâche de chrétien en 2015 consiste à recevoir ce texte du Concile, à le revisiter et à le réinterpréter.
- A propos des peuples qui n’ont jamais entendu la Parole de l’Evangile. Nous prenons congé de la conception géographique ancienne. Les territoires (où habitent des peuples n’ayant jamais entendu l’Evangile…) sont aujourd’hui des périphéries sociales ou culturelles. Ces peuples qui ont besoin de l’annonce de l’Evangile sont au milieu de nous, dans nos grandes villes ou zones rurales… la mission au loin n’exige plus un esprit aventureux pour partir dans un lointain géographique exotique.
- Inter culturalité. Le pape introduit ce nouveau concept à propos de cette réalité que nous pouvons constater aisément : des congrégations religieuses sont parties … au loin, et des membres de ces peuples et cultures différentes reviennent chez nous comme membres de ces congrégations, en donnant à ces dernières un visage multiculturel, le pape dit interculturel (donc ces diverses cultures s’influencent l’une l’autre, elles entrent en dialogue, en confrontation, en conflit peut-être). Nous disposions déjà de nombreux textes de papes sur l’inculturation (souhaitable), nous avons maintenant la tâche de rendre féconde l’interculturalité vécue dans nos Eglises, congrégations, paroisses, communautés, etc.
- Comment comprendre le vœu de pauvreté, puisque ce message est aussi reçu dans l’année de la Vie consacrée ? Le vœu de pauvreté se comprend comme une suite du Christ, en s’identifiant avec les pauvres, vivant comme eux dans la précarité, dans le renoncement à l’exercice du pouvoir, avec le témoignage de la joie de l’Evangile…
Texte bref, qui mêle l’antique spiritualité de la marche à la suite du Christ avec les intuitions du pape François exprimées dans son langage savoureux !
Père Antoine Sondag, Directeur du SNMUE, mai 2015.