Transmettre nos racines juives

Lecture de la Torah. Suresnes 92, France.Du 15 au 20 juillet 2014, à la Maison du Bon Pasteur à Angers, à l’invitation du Service diocésain pour les Relations avec le Judaïsme, en lien avec les autres diocèses de la province et le Service national pour les Relations avec le Judaïsme, une session invite à découvrir tant la richesse spirituelle du judaïsme que la vie de nos « frères aînés dans la foi ». Par Chantal Joly.

« C’est beau ce qui se passe ! Voilà quasiment un an et demi que nous préparons cette session de juillet 2014 dont l’originalité, si on la compare aux sessions précédentes, a été de réfléchir davantage encore le programme et la manière de faire avec la communauté juive localement », raconte le Père Louis Michel Renier, responsable du Service diocésain pour les Relations avec le Judaïsme. En écho, Pierre Lazarus renchérit : « Nous Juifs, travaillons en parfaite coopération avec nos frères chrétiens. Nous sommes peu nombreux sur la région mais nous accompagnons la démarche, en pleine cohérence et à la suite d’années de travail en commun dans l’inter-religieux ».

À l’origine des sessions « Découvrir le judaïsme : les chrétiens à l’écoute », Thierry Colombié, membre du Service diocésain de Nantes pour les Relations avec le Judaïsme, qui « avait le souci de s’approprier les textes de l’Église en s’appuyant sur des papes qui nous ont poussés dans ce sens », explique Catherine Jouin, membre de l’équipe de pilotage.

Le canevas de la 1ère session, en 2010 à l’abbaye cistercienne de Melleray, en Loire-Atlantique, n’a pas varié : des conférences plénières avec des intervenants chrétiens -avec cette année une ouverture œcuménique plus grande- et juifs de haut niveau, des ateliers (par exemple sur les liens entre liturgie juive et liturgie chrétienne ou tradition Rabbinique et Ancien Testament…) en petits groupes pour mieux dialoguer et, au-delà des apports théoriques et intellectuels, un vivre ensemble.

Ce que nos pères nous ont transmis…nous le transmettrons à la génération suivante…

Ainsi, les participants mangent cachère et partagent le temps festif du Shabbat avec notamment cette année, un moment de célébration à la synagogue d’Angers. « Le fait de former une communauté de repas change beaucoup de choses. Quand on vit le Shabbat, on le comprend mieux. Ainsi ce qui nous paraît plein d’interdits se révèle pour les Juifs chemin de libération, de sainteté. Ce qu’on lit dans les Livres, on le vit. Les échos pour notre propre foi sont très riches. Plusieurs personnes nous ont dit avoir vécu une conversion, comme un nouveau départ », commente Catherine Jouin. C’est ici-même, il y a 25 ans, lors d’une session sur « Les racines juives du christianisme », qu’elle dit avoir « commencé sa plongée » aux sources juives du message évangélique.

Aujourd’hui membre de l’équipe diocésaine des Relations avec le Judaïsme et de l’Amitié judéo-chrétienne, elle se réjouit de ce chemin parcouru qui permet « d’approfondir notre foi et notre amitié ». Son expérience personnelle la rend d’autant plus sensible au thème de cette session 2014 : la transmission, illustrée par la phrase du Psaume 78 : « Ce que nos pères nous ont transmis, nous ne le tairons pas à leurs descendants mais nous le transmettrons à la génération suivante… ».

Depuis l’origine une session jeunes se tient parallèlement à la session des adultes à laquelle viennent des prêtres, religieux ou religieuses, laïcs en responsabilité, familles juives et chrétiens en découverte ou approfondissement. Cette année, 30 jeunes du MEJ, réunis en camp d’été, déclineront en 10 thèmes ce passage de relais.

Racines et actualité
Depuis l’origine, les organisateurs de la session, avec le souci de se rattacher à un judaïsme vivant, sont attentifs à l’actualité. Ainsi en 2012, au Centre d’accueil de La Hublais, près de Rennes, était intervenue Magda Hollander Lafon, déportée à Auschwitz à 17 ans. Cette année, outre une conférence du P. Patrick Desbois, Directeur du Service national pour les Relations avec le Judaïsme, sur « Comment transmettre l’histoire de la Shoah », les participants à la session se joindront le 20 juillet à la cérémonie nationale en mémoire des 824 Juifs déportés en 1942 vers Auschwitz depuis l’ancien grand séminaire d’Angers.

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