Interview de Mgr Castet: « Être à l’écoute sans cacher ce que je suis »
Quelles sont vos premières impressions ?
À mon arrivée dans le diocèse de Luçon pour une première visite pastorale, j’ai ressenti une forte émotion : je passe du virtuel aux lieux concrets et aux personnes ! Je suis profondément touché par les premiers contacts, trois à quatre cents personnes m’ont accueillies à la cathédrale. Ces gestes simples montrent que l’on arrive à la maison. Je ne connais pas grand chose de la Vendée, je viens avec un regard bienveillant. Et je suis frappé par ces communautés vivantes en zones rurales où chacun prend sa part et où les prêtres semblent heureux.
Comment appréhendez-vous votre nouvelle fonction ?
C’est un déplacement fort que j’envisage dans la paix. Je me rends compte que toute vie d’homme est faite de tels déplacements, qui peuvent être douloureux à vivre. Mais je crois qu’ils disent quelque chose de la réalité profonde de notre vocation, de notre marche à la suite du Christ. Je vais suivre le conseil de mon père spirituel : être à l’écoute des autres sans cacher ce que je suis. Le vrai d’un homme est aussi ce qu’il devient dans la rencontre. Je n’ai pas de plan. Je compte vivre les choses qui sont au cœur de ma vie : la liturgie, la prédication, l’attention aux vocations et aux jeunes. Je suis confiant car je ne suis pas le premier et j’entre dans une histoire ! Je crois en une théologie spirituelle de la continuité. L’Église est non seulement une communauté du présent, mais aussi du temps.
Sur quelles expériences marquantes allez-vous vous appuyer ?
Pour moi, l’expérience spirituelle de l’écoute des hommes compte beaucoup. Avec l’Aumônerie de l’enseignement catholique, j’ai travaillé en équipe pendant quinze ans avec les éducateurs et les directeurs d’établissements. J’ai expérimenté ce compagnonnage et le porter ensemble. J’ai vu des personnes prendre leurs vies de chrétiens en mains et, grâce à Dieu, j’ai eu le bonheur de voir naître des vocations. Le scoutisme m’a également marqué. Un groupe m’a été confié alors que j’étais jeune prêtre. Là, j’ai vécu l’être avec les jeunes. Au sein de grandes paroisses et du bureau du Conseil presbytéral de Paris, j’ai découvert les réalités liées de l’institutionnel et du lieu de mission, et la collaboration entre différentes personnes engagées et salariées.
Vous êtes chevalier de la Légion d’honneur, qu’en retenez-vous ?
Par delà nous-même, c’est une reconnaissance du prêtre dans la communauté de la République, dans le champ social et ses multiples composantes. Le prêtre n’est pas une sorte de zombie extérieur ! Il a sa place au cœur des réalités humaines et j’ai plutôt été facteur d’unité là où j’ai vécu.
Florence de Maistre