La Conférence des Evêques de France prend la responsabilité du Séminaire français de Rome

Giraud Hervé - Soissons Laon Saint-Quentin

Audience papale et messe à St Pierre de Rome ! Les 6 et 7 juin 2009 sera célébrée la passation de pouvoir entre les Spiritains, fondateur du séminaire en 1853 et la Conférence des Evêques de France. Cet événement est l’aboutissement d’un exercice de discernement et de collégialité des évêques de France. Interview de Mgr Hervé Giraud, évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin et Président de la Commission pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale, et qui, à ce titre, veille sur le Séminaire français de Rome.
En 2005, Mgr Giraud est évêque auxiliaire de Lyon depuis 2 ans. A 48 ans, il est nommé Président de commission et chargé du dossier. A ce moment-là, les Spiritains font savoir, à la Conférence des Evêques de France et à la congrégation pour l’éducation catholique, qu’ils ne peuvent plus assurer leur engagement datant de 1853. Parce qu’il doit être reconnu par l’Etat italien, le Séminaire français de Rome a besoin de statuts stables. D’où l’idée de donner la responsabilité du Séminaire à la Conférence épiscopale. Celle-ci la confie aujourd’hui à des prêtres diocésains. Deux grandes nouveautés, fruits d’une décision et d’une expérience spirituelles fortes.
 

Comment conceviez-vous ce travail de prospective qui aura duré quatre ans?

Ma manière de faire fut de ne pas décider seul ni d’en haut, mais d’impliquer tous les évêques pour qu’on arrive à une sorte de consensus. J’aime éviter que les décisions soient entachées d’un « péché originel », c’est pourquoi je préfère la lenteur de la tortue ! À Lourdes en novembre 2007 la quasi unanimité des évêques a voté pour que le Séminaire soit confié à la Conférence des Evêques de France, ce qui constituait une première nouveauté. Puis en avril 2008, une large majorité des évêques s’est dessinée pour confier le Séminaire à des prêtres diocésains, ce qui est aussi nouveau.
 

Comment les évêques de France ont-ils porté cette démarche ?

Pour arriver à une décision comme celle-ci, il fallait que les évêques soient à plus des deux tiers d’accord sur le choix. Certains souhaitaient que ce soit un Institut ou la Communauté de l’Emmanuel qui reprenne. Ce choix n’a pas été fait. La décision ayant été prise collégialement, au bout de trois années de discussions, on peut lire cette décision comme un choix spirituel. Nous étions guidés par l’Esprit : « l’Esprit Saint et nous avons décidé » !
 

Quelle est la particularité du Séminaire français de Rome ?

Il faut dire tout d’abord que, comme pour tous les Séminaires, la formation est à la fois humaine, spirituelle, intellectuelle, pastorale, le tout vécu en communauté, un peu à l’image du Christ avec ses apôtres. Comme pour tous les séminaires universitaires, les cours ont lieu à l’université (principalement à l’Université pontificale Grégorienne). La seule chose qui diffère, c’est que les séminaristes ne sont pas souvent dans leur diocèse. Ils ont une insertion pastorale dans les paroisses romaines. Il faut donc être attentif au lien avec leur diocèse.
 

Qu’implique ce changement de direction ?

La seule chose qui change vraiment, c’est le recteur (supérieur). Depuis 156 ans, celui-ci était un spiritain : pour la première fois, c’est un diocésain. Mais globalement, on applique la ratio des Séminaires. La « Ratio Institutionalis Fondamentalis Sacerdotalis » a été écrite en 1970, pour le monde entier, par le Saint-Siège. Elle est d’ailleurs en cours d’ajustement. Chaque conférence épiscopale a bâti un programme de formation à partir de ce texte fondamental. Il est appliqué ici aussi à Rome.
 

Que signifie le fait qu’un diocésain prenne le relais d’une congrégation ?

Les Séminaires sont liés à l’évolution des besoins pastoraux de l’Église. Nés d’une crise du clergé à l’époque de la Réforme, les séminaires se sont implantés lentement dès le 16ème siècle, grâce aux sulpiciens, lazaristes, eudistes… et à Rome avec les spiritains. Depuis Vatican II, ce sont des prêtres diocésains qui, peu à peu, ont repris en charge de nombreux Séminaires en France. Cela veut dire que le savoir-faire de ces grandes congrégations s’est suffisamment diffusé pour que des prêtres diocésains eux-mêmes puissent recueillir le trésor de leur expérience. En tout cas on ne doit pas oublier tout ce qu’on leur doit. Mais trouver des prêtres pour les envoyer au Séminaire français, vue la crise des vocations en France, c’était forcément difficile !
 

Quels sont les atouts du P. Sylvain Bataille pour remplir cette mission ?

Il est prêtre du diocèse de Beauvais dont il a été vicaire épiscopal. Il a été formé à Rome : il connaît donc l’institution et parle italien. Il a l’expérience de Supérieur de Séminaire puisqu’il l’a été pendant huit ans. On peut donc dire qu’il a les aptitudes requises. S’il est membre de la Société St Jean-Marie Vianney, le Séminaire n’en est pas pour autant confié à cette Société. Il se trouve qu’il fait partie de cet Institut. L’équipe animatrice, avec sa diversité, ressemblera, à la diversité de l’Église en France.
 

Quel bilan personnel faites-vous de cette expérience ?

On gagne toujours à prendre son temps, à réfléchir en Commission et avec toutes les instances concernées. Ce fut surtout pour moi un acte collégial, toujours en lien avec le Conseil permanent, les spiritains, et les évêques à Lourdes. J’ai essayé d’avancer pas à pas, en ayant le souci des personnes et le réflexe institutionnel. Concrètement, on a pris la décision le 3 avril 2008, après avoir fait entre évêques le pèlerinage du 150ème anniversaire des apparitions à Lourdes. Pour moi, ce fut un signe important, confirmant que nous étions guidés par l’Esprit. Comme saint Paul, je me suis dit parfois : « Dans des impasses, nous arrivons à passer. » (2 Co 4,8). Ce fut une belle expérience spirituelle. Il me semble que les évêques de France ont ont su gérer ensemble ce dossier si important pour la formation des prêtres.
 

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