Jeûner, une expérience commune à l’humanité

Déjà 200 inscrits aux « Assises chrétiennes du jeûne » qui se dérouleront à St-Etienne, du 12 au 14 février 2010. Interview du Père Jean-Luc Souveton, prêtre du diocèse de St-Etienne, co-initiateur avec Jean-Claude Noyé du mensuel Prier, de ces premières rencontres, ouvertes à tous, quelles que soient ses convictions. Il reste encore de la place !

Pourquoi lancer ces assises aujourd’hui ?

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Ce sont bien les « Assises chrétiennes du jeûne » et non pas les « Assises du jeûne chrétien ». Voulues par des chrétiens – Jean-Claude Noyé (Revue Prier), en partenariat avec le diocèse de St-Etienne – elles ne s’adressent pas qu’à des chrétiens. Nous souhaitons qu’elles soient un lieu de rencontre entre des jeûneurs qui vont pouvoir échanger sur leur expérience respective, qu’ils soient catholiques, orthodoxes, protestants ou pas, qu’ils le fassent dans une perspective spirituelle, avec une dimension religieuse ou non. Nous voulons que ce soit très ouvert, que cela concerne tous ceux qui d’une manière ou d’une autre jeûnent déjà ou ceux qui ne jeûnent pas mais qui ont envie d’avoir des informations, y compris sur la dimension médicale du jeûne. Ces assises ont aussi pour objectif d’approfondir la place du jeûne dans notre tradition vivante.
 

Le jeûne a donc besoin d’être redécouvert, notamment par les catholiques ?

Oui. A part chez les jeunes générations, le jeûne est souvent associé à l’idée de mortification, de sacrifice. Tout un tas d’images a besoin de tomber pour pouvoir de nouveau accueillir un jeûne qui est plutôt de l’ordre de la joie pascale, pas de la contrainte ni de l’ascétisme crispé ! Il nous oriente vers Pâques. « Autrefois », on parlait du jeûne Eucharistique et on n’allait pas communier en ayant mangé avant. Pour les plus anciens, on devait être à jeun depuis la veille. Certains ont gardé un triste souvenir d’une pratique parfois déconnectée de son sens profond. Le but était de dire simplement qu’on ne pas accueillir quand on est « plein ». Jeûner, c’est préparer son cœur pour recevoir Celui qui se donne. Jeûner c’est mettre son corps et par lui toute sa personne en état d’attente et de veille pour accueillir Celui qui vient : « Des jours viendront où l’époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront » (Mc 9,15).
 

Qui sont les intervenants ?

Un certain nombre d’entre eux ne se réfère pas directement dans leurs propositions à une dimension religieuse chrétienne. Françoise Wilhelmi de Toledo est directrice de cliniques de jeûne selon la méthode Buchinger mais c’est une chrétienne. Myriam Lejeune est médecin naturopathe et chrétienne. Gertrud et Gisbert Bölling sont allemands. Ils ont créé « Jeûne et randonnée », une proposition non confessionnelle, même s’ils ont été initiés au jeûne par un prêtre. Jean-Claude Noyé, journaliste à la revue Prier, qui a écrit un livre sur le jeûne dans les différents monothéismes, partage la foi chrétienne. Jean-Baptiste Libouban, chrétien, est membre de la communauté de l’Arche de Lanza del Vasto (sur le modèle des ashrams de Gandhi, ndlr). Le Père Alain Richard est franciscain, fondateur des cercles de silence. Marie-France et Claude Delpech animent des retraites dans les foyers de Charité. Bernard Clavière, lui, ne se réclame pas d’une Eglise. Le jeûne est commun à l’humanité. Il existe dans toutes les religions. En dehors, il se pratique pour des raisons médicales. Les chrétiens ne sont pas les seuls à promouvoir le jeûne mais nous avons une parole spécifique à dire.
 

Que diriez-vous pour inviter à participer à cet événement ?

J’inviterais bien à venir voir, approfondir, peut-être à se faire une idée juste sur ce qu’est le jeûne dans ses différentes dimensions : physique, corporelle, médicale ou spirituelle, religieuse. Certains intervenants diront comment cela les aide dans leur chemin de foi. On verra aussi l’impact du jeûne sur la société avec Jean-Baptiste Libouban et le P. Alain Richard : ils jeûnent pour la paix dans le monde, « à la suite » du Mahatma Gandhi et de Lanza del Vasto qui ont fait du jeûne un moyen non-violent pour faire avancer des combats dans la société. J’invite les lecteurs à consulter le site pour en savoir plus et découvrir la richesse de tout ce qui sera proposé ces trois jours.
 
Au menu…

Conférence grand public du père Anselm Grün, moine bénédictin : « Le corps, chemin de Dieu, le corps, chemin vers Dieu » (vendredi 12), Conférence du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon : « Le jeûne de Jésus » et messe à la cathédrale de Saint-Etienne concélébrée par le cardinal Barbarin et Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Etienne (samedi 13), conférence du père Anselm Grün : »Le jeûne qui plaît à Dieu » (dimanche 14).

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