L’argent, au service d’une terre solidaire
A travers la brochure « Vivre le Carême 2010 », le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, invite à méditer sur le partage des richesses. Entretien avec Geneviève Guénard, auxiliatrice et directrice administrative et financière du CCFD-Terre Solidaire.
par Chantal Joly
Ce livret est donc une invitation à parler d’argent ?
Osons en parler ! Osons être créatifs avec ! Dans l’Eglise, nous avons du chemin à faire pour arrêter d’avoir honte de ce sujet.
L’Evangile pourtant en parle énormément mais nous avons tendance à retenir plutôt la formule « vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (Lc 16, 13) que « faites-vous des amis avec l’argent trompeur » (Lc 16, 9) ou encore la parabole des talents avec le mauvais serviteur qui enterre tout (Mt 25, 26-30). Or il existe une tension entre ne pas servir l’argent (comme un dieu) et se servir de l’argent (pour le service de Dieu et des frères). Je suis intimement persuadée que c’est un des moyens mis à notre disposition pour faire advenir le Royaume. Ce que nous possédons nous est confié pour le bien commun, pour faire advenir un monde plus juste. L’économique est un lieu de mission comme les autres.
L’Evangile pourtant en parle énormément mais nous avons tendance à retenir plutôt la formule « vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (Lc 16, 13) que « faites-vous des amis avec l’argent trompeur » (Lc 16, 9) ou encore la parabole des talents avec le mauvais serviteur qui enterre tout (Mt 25, 26-30). Or il existe une tension entre ne pas servir l’argent (comme un dieu) et se servir de l’argent (pour le service de Dieu et des frères). Je suis intimement persuadée que c’est un des moyens mis à notre disposition pour faire advenir le Royaume. Ce que nous possédons nous est confié pour le bien commun, pour faire advenir un monde plus juste. L’économique est un lieu de mission comme les autres.
Comment s’articule cette réflexion avec le Carême ?
Ce temps liturgique nous invite au jeûne, à l’aumône et la prière en nous remettant dans une relation juste aux choses, aux autres et à Dieu.
Le don est et restera essentiel mais il convient de regarder comment introduire l’autre, qui est mon frère, dans mon rapport aux biens. Il ne s’agit pas tant de s’appauvrir mais de lui permettre de vivre, en lui payant le juste prix de son travail. Tout comme il n’est pas illégitime de conserver un patrimoine pour ses enfants ou pour assurer sa vieillesse mais en en évaluant l’importance par rapport à mes besoins et en voyant en si ma gestion crée de l’exclusion ou de l’injustice ou se révèle au contraire un facteur d’enrichissement pour tous.
Le don est et restera essentiel mais il convient de regarder comment introduire l’autre, qui est mon frère, dans mon rapport aux biens. Il ne s’agit pas tant de s’appauvrir mais de lui permettre de vivre, en lui payant le juste prix de son travail. Tout comme il n’est pas illégitime de conserver un patrimoine pour ses enfants ou pour assurer sa vieillesse mais en en évaluant l’importance par rapport à mes besoins et en voyant en si ma gestion crée de l’exclusion ou de l’injustice ou se révèle au contraire un facteur d’enrichissement pour tous.
Comment au CCFD, tentez-vous de faire de la finance solidaire ?
Dans mon travail en lien avec la SIDI (filiale du CCFD-Terre Solidaire pour la microfinance), j’essaie notamment de développer une chaîne de solidarité autour des organismes de micro-crédit et des mutuelles de solidarité (MUSO) au Sud. Au Nord Kivu, par exemple, les membres des MUSO épargnent en se regroupant par dix. Suivant les MUSO, les participants versent de 2 à 0, 5 $ par mois pour les plus ou les moins aisés. Avec cette épargne recueillie dans des caisses vertes, ils font des prêts les uns aux autres. Une épargne de 0,5$ recueillie dans des caisses rouges sert de « sécurité sociale » en cas d’hospitalisation, de décès ou de mariages. Ces « musoniers » ont déjà rassemblé plus d’un million de $ et sont en train de créer leur propre banque. Nous avons soutenu le développement des MUSO et nous soutenons avec du prêt la mise en place de cette banque.
La finance solidaire est une finance de la marge qui essaie de réintégrer les exclus et qui a toute sa pertinence. Arrêtons donc de considérer les chrétiens comme de doux rêveurs. Ils sont aussi des acteurs créatifs dans le domaine économique.
La finance solidaire est une finance de la marge qui essaie de réintégrer les exclus et qui a toute sa pertinence. Arrêtons donc de considérer les chrétiens comme de doux rêveurs. Ils sont aussi des acteurs créatifs dans le domaine économique.
« Vivre le Carême 2010 »
La brochure de 31 pages propose des articles de réflexion, des pistes d’animation pour des célébrations et un visuel du peintre Arcabas. Elle est consultable dans les paroisses.
La brochure de 31 pages propose des articles de réflexion, des pistes d’animation pour des célébrations et un visuel du peintre Arcabas. Elle est consultable dans les paroisses.