Valgiros, un lieu pour habiter en frères

Au 210 bis, rue de Vaugirard à Paris, un lieu de vie pionnier, initié par l’association Aux captifs, la libération, a été officiellement ouvert le 15 juillet 2010. Olivier de Metz, le directeur de Valgiros, en présente les fondations : mixité sociale et bienveillance évangélique.
En langage technique, il s’agit d’un « centre d’hébergement de stabilisation ». « Ce n’est bien évidemment pas une réponse globale au problème des 40.000 personnes vivant dans la rue en Ile-de-France mais je crois beaucoup qu’il puisse être un signe d’espérance, de réconciliation intérieure, de communion », déclare Olivier de Metz, son directeur.

A Valgiros, 21 personnes intégreront un logement qui leur donnera enfin le temps de récupérer, de soigner leurs blessures intérieures, d’être accompagnées (l’équipe pluridisciplinaire de professionnels compte une éducatrice spécialisée et une travailleuse sociale) puis très progressivement, de retrouver une autonomie, en ayant l’occasion de révéler leurs talents, « leurs compétences de cœur », ainsi que l’exprime Benoît XVI dans l’encyclique « Dieu est Amour » (2005). Mais le plus innovant du projet, c’est la présence d’une dizaine d’autres résidents : âgés de 24 à 73 ans, des bénévoles ont choisi d’habiter avec ces personnes ayant vécu l’exclusion.
 

Une logique de communion

Tout en apportant son cadre et ses compétences professionnelles, l’association Aux captifs, la libération s’est inspirée d’initiatives déjà existantes d’un « partage de vie au quotidien, dans la bienveillance » : les collocations de l’Association Pour l’Amitié à Paris, les fraternités « Magdala » à Lille (avec des personnes en difficulté), « Les invités au Festin » à Besançon (avec des personnes atteintes de troubles psychologiques) et surtout les communautés de l’Arche. « Jean Vanier, explique Olivier de Metz, avait eu cette intuition prophétique du goût de la communauté. L’idée étant de vivre au quotidien avec des personnes exclues, dans une démarche évangélique de proximité, avec des sœurs et des frères en humanité. La plupart des bénévoles qui viennent ici le font dans une démarche de foi et en ayant le désir d’une vie de prière communautaire. Nous sommes dans une logique de communion davantage que de générosité ».
Ainsi Mélusine, 24 ans, étudiante au conservatoire de musique. Elle raconte avoir été séduite par ce projet « magnifique, d’apparence risqué et un peu fou », après en avoir entendu parler dans son groupe « Les Semeurs d’espérance » qui prie le chapelet dans les gares avec des personnes de la rue.
 

Une vie inscrite dans un quartier

L’architecture du bâtiment est la traduction de cette recherche d’une vie familiale : chaque appartement indépendant dispose d’une cuisine-salle à manger-salon. Les courses et les repas seront autogérés par étage en binômes et chaque résident aura un service à rendre (cuisine, arrosage des plantes, fabrication du pain…). Au rez-de-chaussée, une salle polyvalente permettra des temps d’ateliers informatiques. Dans le jardin, sont prévus des petits potagers et dans le kiosque attenant, des activités artistiques, à condition qu’elles ne doublonnent avec celles existantes aux alentours. Car c’est l’une des vocations de Valgiros : être ouvert sur la vie associative et spirituelle du quartier, et y participer pleinement. Les liens seront d’autant plus étroits avec la paroisse St Lambert de Vaugirard que Pascal Blavot, son diacre, sera avec son épouse le couple d’hôtes bénévoles du bâtiment.

Chaque étage dispose par ailleurs de huit chambres. Les résidents en auront la clef (« pour que chacun se sente chez lui ») et seront associés à l’achat des accessoires pour les aménager. Petit détail révélateur : aucune chambre (de 8 à 10m2) n’est identique à une autre. Quant aux chaises, données par des entreprises, elles sont en bois. « Ce n’est pas du matériel incassable qui renvoie à l’idée d’utilisateurs violents », commente Olivier de Metz.

Financé en partenariat par le Conseil Général, la Ville de Paris, plusieurs fondations (en particulier la Fondation Notre-Dame et l’Office chrétien des personnes handicapées) et le Conseil Régional, Valgiros s’apprête à donner une seconde vie à un ancien couvent de sœurs dominicaines. Le bâtiment a été entièrement réaménagé et égayé par des couleurs framboise, jaune ou lilas. Un modeste oratoire a été aménagé « mais nous aurons besoin d’être portés par tout un réseau de prière », insiste Olivier de Metz.
 

logo_valgiros

Un nom triplement symbolique

Le nom « Valgiros » a été choisi à cause de son adresse : le « val Gérard » devenu la rue de Vaugirard. Il rend aussi hommage au fondateur d’Aux captifs, la libération, le père Patrick Giros, prêtre de Paris, décédé en 2002 et qui créa l’association en 1981. Enfin, il fait également référence au val, lieu de transformation évoqué dans la Bible : « Je ferai du val d’Akor une porte d’espérance» (Osée 2, 17).

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