Valgiros, un lieu pour habiter en frères
A Valgiros, 21 personnes intégreront un logement qui leur donnera enfin le temps de récupérer, de soigner leurs blessures intérieures, d’être accompagnées (l’équipe pluridisciplinaire de professionnels compte une éducatrice spécialisée et une travailleuse sociale) puis très progressivement, de retrouver une autonomie, en ayant l’occasion de révéler leurs talents, « leurs compétences de cœur », ainsi que l’exprime Benoît XVI dans l’encyclique « Dieu est Amour » (2005). Mais le plus innovant du projet, c’est la présence d’une dizaine d’autres résidents : âgés de 24 à 73 ans, des bénévoles ont choisi d’habiter avec ces personnes ayant vécu l’exclusion.
Une logique de communion
Ainsi Mélusine, 24 ans, étudiante au conservatoire de musique. Elle raconte avoir été séduite par ce projet « magnifique, d’apparence risqué et un peu fou », après en avoir entendu parler dans son groupe « Les Semeurs d’espérance » qui prie le chapelet dans les gares avec des personnes de la rue.
Une vie inscrite dans un quartier
Chaque étage dispose par ailleurs de huit chambres. Les résidents en auront la clef (« pour que chacun se sente chez lui ») et seront associés à l’achat des accessoires pour les aménager. Petit détail révélateur : aucune chambre (de 8 à 10m2) n’est identique à une autre. Quant aux chaises, données par des entreprises, elles sont en bois. « Ce n’est pas du matériel incassable qui renvoie à l’idée d’utilisateurs violents », commente Olivier de Metz.
Financé en partenariat par le Conseil Général, la Ville de Paris, plusieurs fondations (en particulier la Fondation Notre-Dame et l’Office chrétien des personnes handicapées) et le Conseil Régional, Valgiros s’apprête à donner une seconde vie à un ancien couvent de sœurs dominicaines. Le bâtiment a été entièrement réaménagé et égayé par des couleurs framboise, jaune ou lilas. Un modeste oratoire a été aménagé « mais nous aurons besoin d’être portés par tout un réseau de prière », insiste Olivier de Metz.
Le nom « Valgiros » a été choisi à cause de son adresse : le « val Gérard » devenu la rue de Vaugirard. Il rend aussi hommage au fondateur d’Aux captifs, la libération, le père Patrick Giros, prêtre de Paris, décédé en 2002 et qui créa l’association en 1981. Enfin, il fait également référence au val, lieu de transformation évoqué dans la Bible : « Je ferai du val d’Akor une porte d’espérance» (Osée 2, 17).