Les célibataires attendent des signes de l’Église

La question du célibat non consacré est au cœur d’un Documents épiscopat. Son auteur, Claire Lesegretain, y présente un ensemble d’observations apportant une meilleure connaissance de cet état de vie et une réflexion sur l’accueil des célibataires dans l’Église.
En 1998, Claire Lesegretain, journaliste au quotidien La Croix, publie Être ou ne pas être célibataire (Éd. Saint-Paul). « Il s’agissait du premier livre sur le célibat non consacré, explique la journaliste. Le sujet était alors un terrain en friche. » Ce livre sera le point de départ d’une exploration de la « galaxie des célibataires ». En 10 ans, elle rencontre plus d’un millier de personnes, notamment des femmes, de 30 à 45 ans.

Célibats, célibataires. Quelles perspectives en Église ?, Documents épiscopat publié en mars 2010, propose un ensemble de réflexions et d’observations fruits de ces dix années d’expérience inscrite dans un cadre chrétien (animation de sessions, rencontres personnelles).

La journaliste estime à quatre millions le nombre de « vrais célibataires », en âge d’être mariés mais qui ne le sont pas, selon la définition du Robert. Elle exclue ainsi les pacsés, les concubins… de la « catégorie administrative célibataire » (12 millions de personnes, recensement 1999). « Ces célibataires sont des personnes seules, elles avancent à tâtons et vivent une situation précaire au niveau sentimental, précise Claire Lesegretain. Leur nombre croît chaque année, on trouve des personnes auparavant en couple, des mères célibataires. »
 

Une recherche de fécondité

De ses rencontres avec les célibataires, la journaliste distingue trois attitudes représentatives de ces hommes et femmes : le ressentiment douloureux, le besoin d’espérance, et la recherche de fécondité. Derrière ces trois « manières de vivre et de penser », elle pointe ainsi l’acceptation difficile des frustrations (affectives et sexuelles, économiques et fiscales, sociales et familiales, ecclésiales) ; les conséquences de l’attente du conjoint providentiel (difficulté à se projeter dans l’avenir, multiplication des réseaux et des rencontres, oubli de l’amitié) ; et enfin, la recherche d’une fécondité dans sa vie par une reconnaissance exclusive par le travail ou l’obligation d’être parent. Autant d’éléments de connaissance et de compréhension du célibat et des célibataires auxquels la journaliste suggère des « pistes de recherche » ou « perspectives à ouvrir ou à développer », particulièrement au sein de l’Église (reparler de l’espérance, rappeler le sens de toute vie, parler de la fécondité de tous dans l’Église, etc.).

Si elle estime que la société et l’Église ont évolué sur la question du célibat non consacré, elle remarque pourtant que « bon nombre de célibataires catholiques se sentent dévalorisés dans l’Église et ne se sentent pas rejoints par elle. Incontestablement, les célibataires chrétiens attendent des signes de leur Église : pour les aider à vivre leur état de vie, mais aussi pour symboliser la reconnaissance et l’amour que leur porte « la grande famille qu’est l’Église et qui est la maison de tous, en particulier de ceux qui peinent et ploient sous le fardeau » (Catéchisme de l’Église catholique, n°1658). »
 

Mgr Luc Ravel

Un réseau d’amitié avec Notre-Dame de l’écoute

Aujourd’hui évêque du diocèse aux Armées, Mgr Luc Ravel a été l’initiateur du mouvement Notre-Dame de l’écoute et directeur des pèlerinages pour la congrégation des chanoines réguliers de Saint-Augustin qui accompagne des groupes de célibataires. « Nous leur proposions de prendre du temps pour réfléchir sur leur état non choisi et de vivre à plusieurs ce célibat en créant un réseau d’amitié, explique Mgr Ravel. Notre souhait était de les préparer à la vocation que le Seigneur veut pour eux. Ces hommes et ces femmes sont en asthénie, éteints. Leur joie est d’entendre que l’Église, comme une mère, exerce à leur égard un ministère de consolation. Ces célibataires ne sont ni compris, ni entendus et peut-être même pas vus, il faut répondre à cette souffrance. En tant que chrétien c’est notre devoir. Cet accompagnement pastoral mise sur les sacrements, notamment celui du baptême. Ils ont été appelés par Jésus à être baptisés, qu’est ce que cela signifie ? Il faut désigner les grâces qui sont déjà en eux au sens physique, psychique, surnaturel. C’est voir la richesse de leur vie. « 

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