Plus de 400 religieuses et religieux rassemblés à Lourdes

L’assemblée générale de la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF) se réunira à Lourdes, du 22 au 26 novembre 2010. Son président, le frère Nicolas Capelle, explique comment les congrégations réfléchissent à leurs réponses aux besoins des temps nouveaux.
« En période de crise, Il fait route avec eux ». Tel est le slogan choisi par les 450 supérieur/res religieux pour leur assemblée de Lourdes, afin de redire en quoi, ils (elles) répondent à l’appel du Christ. Au moment de sa préparation, la crise financière, doublée d’une crise sociale et d’une crise de valeurs, faisait la une de l’actualité. Or, explique le président de la CORREF, le Frère Nicolas Capelle : « S’interroger sur notre place dans l’Eglise et la société et sur la façon dont Dieu s’y exprime, cela fait partie de notre manière d’être. Ce moulinage des questions, ce discernement constant sont des habitudes viscérales constitutives de la vie religieuse. Et comme nous le faisons en répondant à un appel et en communauté, nous avons un statut extraordinaire que n’ont pas nombre d’organisations ». La légitimité des religieux et religieuses pour échanger sur les réalités sociales et ecclésiales, c’est d’être en proximité fraternelle avec leurs contemporains. « Beaucoup de gens, sur le terrain, sont actifs mais souvent nous nous y trouvons avant d’autres, témoigne le Frère Capelle. L’un des exemples de cet « avant-gardisme » réside pour lui dans la pratique internationale : « Les Etats défendent des intérêts. Les Congrégations, elles, tout en continuant de s’inspirer de leurs fondateurs, sont au service des populations, de leurs cultures et sont accrochées au terrain. Il faut écouter des religieuses sans grade pour constater combien elles ont souvent une vision précise et politique des situations. Cette dimension universelle de la foi chrétienne, c’est ça la vraie mondialisation. Cette ouverture au monde nous donne de l’air. Nous ne sommes pas enfermés sur un pays, un diocèse ».

21 témoins

Le document qui sert de base de travail à la CORREF résume l’extraordinaire pluralité d’implantation des religieux (ses) aujourd’hui. Il s’agit d’interviews de personnes de différents âges, congrégations et lieux d’insertion (l’éducation, l’accueil des pèlerins, la santé, l’économie et la recherche…). Au sein de chaque congrégation ou monastère, les situations décrites et les motivations ont été soumises à la réflexion personnelle et collective. La même grille de lecture servira aux échanges de Lourdes auxquels les 21 témoins seront présents ainsi que Jérôme Vignon, président des Semaines Sociales ; Eléna Lasida, économiste et Frère Aloïs, prieur de la communauté de Taizé.
« Ce qui me frappe dans ces témoignages, commente le Frère Nicolas Capelle, c’est la façon dont s’expriment la vitalité et la créativité de la vie religieuse. Les religieux et religieuses sont certes préoccupés par le vieillissement de leurs communautés mais on observe un dynamisme, une énergie pas possible, quelles que soient les générations. L’âge n’est qu’ une donnée parmi d’autres. Il ne doit pas nous plomber. Des formes de vie religieuse disparaissent, d’autres naissent. Nous ne sommes pas tétanisés par cela. L’Esprit Saint fait ce qu’il veut ».

Plusieurs chemins mais un seul appel

Le succès actuel du film « Des Dieux et des Hommes » n’est pas sans faire écho à certains propos lus au fil des interviews tels que : « Nous bénéficions d’un capital de confiance de la part des touristes. Ils ont un a priori positif sur les moines ». Ou encore ce constat de Frère Nicolas Capelle : « Même si nos frères et sœurs parlent peu, leur type de présence donne du sens à la vie des gens. Souvent, ceux-ci le réalisent au moment où une communauté doit partir. Les habitants éprouvent alors le sentiment que quelque chose se déchire ».
Révélateur également, le nombre d’exemples évoquant des présences inter-congrégations, voire des collaborations entre des congrégations et des communautés nouvelles (Chemin Neuf/Dominicaines, Mouvement Fondacio/Abbaye de Lérins…). Une citation en résume bien l’état d’esprit : « L’intercongrégation est non seulement une richesse, mais aussi prophétique. […] Ce vivre ensemble est une mise en commun de nos ressources et de nos fragilités ». Le frère Nicolas Capelle renchérit : « Il faut réunir nos forces car peu de choses nous séparent et nous n’avons plus envie de nous battre sur nos distinctions. Il n’y a qu’un seul appel. Après, les chemins peuvent être différents mais c’est secondaire. ». Pour toutes ces raisons, conclut-il, « La vie religieuse est une petite source qui continue à sourdre, elle est porteuse de sens. Nous avons encore à témoigner dans l’Eglise et dans la société française ».
 

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