Chronique d’Amérique latine : « Salvador de Bahia »
Et puis l’Eglise de la Trinité, cachée derrière les grues du port… Elle semble presque en ruine mais en s’approchant, on grimpe la belle volée de marches pour découvrir un autre monde… L’Eglise est « habitée » par une présence étonnante : dans le silence de la sieste, à l’heure la plus chaude du jour, quelques-uns dorment, d’autre prient devant le Saint-Sacrement… C’est l’Eglise des gens qui vivent dans la rue !
En tout cas, c’est là que l’archevêque de Salvador, Mgr Geraldo Majella Agnelo, a demandé à Frère Eric, « moine-pèlerin », de recevoir ces « visages souffrants du Christ ». Et ils sont bien là. Quelque 200 personnes qui passent dans l’année, pour une halte, un port de paix, de réconfort, de prière surtout. Car c’est bien « un lieu de prière » qui accueille dans ses murs ces pauvres, qui se découvrent « amis du Christ » et pour certains se reconstruisent, d’autres sont accompagnés pour entrer dans la maison du Père.
Ce lieu d’abord abandonné, comme ces gens de la rue, est peu à peu restauré. C’est la verdure qui surprend le visiteur, on y plante des arbres qui produisent des fruits… comme la vie communautaire qui permet à quelques-uns d’entre eux de s’établir, de prendre racine…
Mais d’où vient le secret de la Trinité ?
La vie communautaire plonge ses racines dans la manière de faire de l’Arche de Jean Vanier : accueillir le plus pauvre, et reconnaître que celui qui est le plus difficile à vivre sera aussi celui qui aidera chacun dans sa progression. Avec des règles simples où chacun reçoit une fonction et qui permettent à tous d’être respectés et de se sentir reconnus.
Mais c’est dans la prière que se forge la communauté : participation libre, de style sobre dont la liturgie s’inspire de Taizé, puisque ce pays catholique compte aujourd’hui un nombre non négligeable d’autres confessions chrétiennes, y compris parmi les gens de la rue.
Enfin, chacun vit de son travail : la récupération et la revente de 2 tonnes de déchets par semaine (entre carton, métaux et « bazar »…) permettent de remplir la marmite, et même de construire des petites maisons, louées à ses occupants.
Voilà quelques idées qui semblent simples dans ce lieu qui procure une paix à ses occupants comme à ses visiteurs ; mais il s’agit pourtant de vivre au jour le jour les aléas de la vie ; la rue marque les addictions, les rechutes dans la drogue, la violence parfois.
D’autres compagnons d’Eric ont rejoint cette communauté qui a pour marque spirituelle la vie trinitaire même ! Un prêtre chargé de la pastorale sociale est venu vivre dans l’église, puis un petit frère de l’Evangile, et quelques autres… qui se font proches des gens de la rue.
Un témoignage simple et fort d’une présence qui trouve son symbole dans la fameuse icône de la Trinité qui accueille le visiteur, comme le pèlerin !
Au Brésil, le P. Luc Lalire sera rejoint par le P. Eric Poinsot, directeur du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations (SNEJV). Celui-ci fera connaissance avec les responsables de la préparation des prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse à Rio de Janeiro, du 23 au 28 juillet 2013, sur le thème : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples » ( Matthieu 28, 19).