Rassemblement national des prêtres-ouvriers à Lourdes
Ni ordre religieux ni congrégation à part, les « PO » sont diocésains pour la plupart. Certains viennent de la Communauté Mission de France, comme le P. Abel Bousseau, membre du Conseil Pastoral Diocésain à Poitiers. Pour lui, le charisme du prêtre-ouvrier se caractérise par « la volonté de partager la vie des gens » car « l’Evangile ne s’adresse pas à des inconnus mais à des gens dans des situations précises ».
La rencontre nationale sera l’occasion d’approfondir la pertinence – pour aujourd’hui et demain – de ce ministère né dans les années 40 et fortement marqué par l’option préférentielle pour les pauvres. Pour le P. Abel, « il est important que l’Eglise continue d’envoyer des prêtres dans cette mission-là ».
Les « PO » sont-ils encore un signe prophétique de la présence de l’Eglise dans les milieux populaires ? Le P. Abel verrait bien des prêtres engagés auprès des demandeurs d’emploi, par exemple. A Lourdes, le Père Guy Régnier, théologien, et Guy Coq, philosophe, éclaireront les participants. Des « mini assemblées » leur permettront aussi d’aborder des sujets tels que « Travail », « Emigrés – Sans Papiers – Saisonniers – Exclus… », « Logement – Quartiers – Cités » et « La retraite, ce troisième temps de la vie ».
Même s’il ne sera pas au rendez-vous national, le P. Abel réagit au thème 2012 : « Comment donner le pain de l’Evangile à ceux qui n’ont pas le goût de l’espérance ? » Il salue donc ce rassemblement placé sous le signe du compagnonnage avec l’humanité, « noyau du message évangélique ».
Ordonné en 1964, le Père Abel Bousseau est arrivé peu après dans le pays Montmorillonais (Vienne). Deux milieux professionnels sont alors identifiés comme lieux de mission : celui des ouvriers d’usine et celui des ouvriers agricoles, alors très nombreux (12.000). Fils d’agriculteur, il ira louer ses bras dans les fermes du pays. Pour lutter contre les conditions de travail héritées du Moyen Age, il rejoindra un syndicat, ce qui lui vaudra quelques inimitiés… A la retraite depuis les années 90, il a été témoin de la profonde mutation de l’agriculture en France et notamment la disparition progressive de son métier. Avec cette expérience, « on n’est plus le même dans la vie pastorale » relit-il. Il reprend pour la décrire ce que le cardinal Roger Etchegaray a dit retenir du concile Vatican II : « l’union au Christ » et « l’envoi dans le monde ». Il y a peu, il baptisait le petit-fils d’un éleveur bovin qui fut son employeur pendant 12 ans !