Bilan et perspectives avec Mgr Ulrich

laurent_ulrich_portraitArchevêque de Lille, Mgr Laurent Ulrich revient sur le centenaire du diocèse de Lille, le synode des trois diocèses de sa province et son mandat de vice-président de la Conférence des évêques de France (2007-2013).

Où en sont les festivités du centenaire du diocèse de Lille ?

 

Nous avons vécu un « sommet » lors du rassemblement de Pentecôte (18-20 mai) avec des rencontres, des spectacles, des moments ouverts à tous et la belle célébration du lundi (15 000 participants). Je crois qu’elle a été très structurante pour la vie diocésaine. Beaucoup ont trouvé autour du sacrement de confirmation, donné à près de 1500 personnes, une grande occasion de se réjouir et de voir l’Eglise. L’Eglise s’est montrée dans une célébration à la fois solennelle et simple.

Le prochain rendez-vous est la fête de l’Assomption à Dunkerque. Un des enjeux est de manifester l’unité du diocèse, de Tourcoing à Dunkerque. Les diocésains sont donc invités à participer, le 15 août, à une fête qui est habituellement locale, en lien avec la Mission de la mer et la Société de Sauveteurs en Mer (SNSM). Elle a lieu autour de la petite chapelle de Notre-Dame des Dunes. Je présiderai la bénédiction de la mer et prendrai le bateau pour aller jeter à l’eau une couronne en souvenir des marins défunts.

Le week-end de clôture du centenaire aura lieu les 26 et 27 octobre 2013. Le diocèse a été créé le 25 octobre 1913. L’événement sera festif, avec sans doute un spectacle lors de la veillée du samedi soir. Une vingtaine d’évêques seront présents. Ce sera aussi l’occasion de célébrer le centenaire avec les autorités et les personnalités civiles de la région, sous la présidence d’un envoyé du Pape.

Comment relisez-vous cette démarche initiée en 2011 ?

La célébration du centenaire a manifesté ce que nous vivions dans le fond. Elle ne s’est pas limitée à l’aspect festif des choses mais a été l’expression liturgique et sacramentelle de ce que le Seigneur nous a fait vivre pendant 3 ans, selon les thèmes d’année : les chrétiens sont des serviteurs, les serviteurs révèlent le Christ et les serviteurs s’abreuvent à la source du Christ dans les sacrements. Nous avons voulu honorer les trois dimensions de la vie chrétienne. Cela a éclos cette année : les gens ont compris rétrospectivement que ce que nous avons vécu depuis 2011. Ils ont senti cette continuité, annoncée dans ma lettre pastorale dès 2010. Ce qui pouvait être perçu comme trois thèmes est devenu une histoire commune qui révèle le mystère de la vie chrétienne.

J’avais l’intuition qu’une Eglise jeune était porteuse de beaucoup d’espérance. Or peut-être par crainte, marqués par une spiritualité de l’enfouissement, après le concile Vatican II, les chrétiens avaient le sentiment qu’il fallait qu’ils ne s’exposent pas publiquement. La démarche du centenaire a redonné aux diocésains la conviction qu’ils pouvaient être visiblement chrétiens et qu’ils apportent dans la société, non seulement la pratique d’engagement auxquels les chrétiens croient mais aussi la celle de l’expression de leur foi qui les fait s’engager. C’est la dynamique de la Lettre aux catholiques de France (1996), suite au rapport « Proposer la foi dans la société actuelle » (1994).

Comment se prépare le synode des diocèses de Lille, Arras et Cambrai ?

Après avoir annoncé ce projet il y a un an, nos trois revues diocésaines disent aujourd’hui où nous en sommes. Et je viens, comme archevêque métropolitain, de publier la convocation. Nous avons choisi le thème : « Inventons les paroisses de demain ». Tous les mots sont importants ! « Inventons », c’est-à-dire cherchons dans l’existant ce qui va être porteur. « Paroisses », parce que nous croyons qu’elles demeurent vivantes dans l’Eglise mais qu’on peut mieux positionner la place respective des clercs et des laïcs. « Demain », car on voit dès aujourd’hui que le maillage paroissial est fragilisé. Nous sommes en train de constituer l’assemblée en fonction des critères canoniques requis, de finaliser la méthode et le calendrier.

Le synode s’ouvrira le 14 décembre 2013 et durera jusqu’au 1er février 2015. La première assemblée conviera 200 délégués à la maison diocésaine d’accueil de Merville, dans la campagne flamande. Nous avons prévu un instrument de travail pour les membres de l’assemblée et pour accompagner ce travail tout au long de l’année, des outils pour n’importe quelle équipe de base de chrétiens. Nous voudrions que chacun, en équipe, puisse réfléchir au thème du synode et faire remonter ses idées. C’est très participatif.

Qu’attendez-vous de cette réflexion en province ?

Il s’agit d’abord de relayer la réflexion de la Conférence des évêques de France sur la vie et l’avenir des communautés chrétiennes. Une de nos résolutions était que ce travail rejaillisse dans les diocèses et les provinces. Cela aura peut-être valeur d’exemple. A mon arrivée en 2008 à Lille, j’avais été frappé par la grande cohésion de travail et de responsabilités des trois diocèses de cette province : un travail commun et des institutions communes depuis longtemps – le séminaire, la formation des laïcs et des diacres, l’université catholique. J’attends de ce synode provincial qu’il manifeste que nous sommes préoccupés par l’avenir…mais sans gémir ! J’espère aussi qu’il favorisera une relance des vocations dans la vie de nos trois Eglises – de prêtres, de diacres, de serviteurs de l’Eglise de quelque façon que ce soit.

 

« Un beau service »

« La Présidence et le Conseil Permanent ont pour mission de servir de l’Assemblée pour lui permettre de jouer son rôle dans l’Eglise et dans la société », rappelle Mgr Laurent Ulrich.
En contribuant à la mise en œuvre de la réforme prévue en 2005 (groupes de travail, comité Etudes et Projets…), il a constaté que celle-ci a favorisé la prise de parole des évêques en assemblée et ainsi renforcé « une communion épiscopale par-delà les différences ». Elle a donné « un souffle » au positionnement de l’Eglise dans la société française, confirmant les évêques dans le rôle d’acteurs et d’interlocuteurs.
Mgr Ulrich souhaite à la nouvelle présidence de poursuivre la réflexion sur l’avenir des communautés chrétiennes « un peu autrement » mais espère aussi voir de nouveaux dossiers émerger.

 

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