« Les Roms : une urgence humanitaire »
Dix mois après la mise en place de la circulaire interministérielle, du 26 août 2012, sur l’anticipation et l’accompagnement des opérations d’évacuations des campements illicites, les associations engagées auprès des Roms dressent un état des lieux de la situation.
Un collectif d’associations a été reçu le 14 mai 2013 par le Premier Ministre sur la question du mal-logement et de « l’urgence humanitaire » des Roms. Ce collectif exprimait son « indignation face aux démantèlements de bidonville » et appelait à « éviter la stigmatisation » dans une lettre du 18 mars 2013. La circulaire de 2012 a été une « bouffée d’oxygène » mais est appliquée « de façon aléatoire et très partielle ».
Les échanges ont porté particulièrement sur la situation des migrants pauvres roumains et bulgares en bidonville. Selon le collectif « ces ressortissants européens ont aussi vocation à rester en France. Certaines familles sont installées au même endroit depuis trois générations, il serait illusoire de tenter de les faire partir. A chaque expulsion le travail fait par les associations est réduit à néant et tout doit recommencer. Quand les moyens sont donnés, l’intégration se fait ».
Le 26 juin 2013, le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope a publié un rapport « alarmant » sur l’accès aux droits (santé, logement, travail, scolarisation) des ressortissants européens en 2012-2013. Depuis août 2012, en France, près de 100 évacuations de bidonvilles et de squats n’ont pas été suivi de solution de relogement.
L’esprit du Secours catholique est de « rayonner de la charité du Christ envers ces frères en humanité. Les plus pauvres sont, entre autres, ces personnes niées dans leur existence même », affirme Laurent Lurton, délégué du Secours catholique de l’Essonne.
A Ris Orangis dans l’Essonne (91), l’association a permis la domiciliation des Roms car « sans adresse, l’accès à l’aide médicale d’urgence et le droit d’inscription à l’école sont impossibles ». Les membres du Secours catholiques accompagnent aussi les populations dans les nombreuses « tracasseries du quotidien » comme « les comptages administratifs trois fois par jour » ou les amendes pour « défaut de plaques signalétiques sur les vélos ». « Nous veillons à leur expliquer leurs droits pour qu’ils soient respectés et à proposer aussi un accompagnement scolaire aux enfants », ajoute Laurent Lurton.
« Les Roms sont dans une grande précarité. Certains parcours d’insertion sont plus difficiles que d’autres. Certains n’ont jamais été à l’école, ne savent pas écrire, ne connaissent pas le français, d’autres sont proches de l’intégration », raconte Claude Wauquier, membre du CCFD-Terre Solidaire dans le diocèse de Lille. « Les Roms sont souvent accompagnés de manière globale alors que les situations sont différentes ».
La mobilisation de tous est importante pour accompagner les familles « notamment dans la recherche de logements » , « pour être au contact de cette population » et « aider au recensement pour appuyer l’entrée des enfants à l’école ». « L’ensemble des chrétiens devrait s’impliquer davantage en faveur des Roms », espère Claude Wauquier.
L’équipe « précarité » de la communauté de la Mission de France recense depuis décembre 2012 les actions de solidarité menées auprès des Roms. « Nous nous sentons pleinement à vos côtés dans la mission qui nous presse de vivre l’évangile aux côtés de ceux qui sont les plus exposés », soutient Mgr Yves Patenôtre, prélat de la Mission de France, dans une lettre du 10 avril 2013. Cette synthèse devrait paraître dans les prochains mois.