Mgr Nzapalainga : « Je poursuis ma mission à Bangui »
Archevêque de Bangui et président de la Conférence épiscopale de Centrafrique, Mgr Dieudonné Nzapalainga a conclu à Paris une tournée diplomatique en Europe. Il a notamment rencontré plusieurs instances et services de l’Eglise en France.
Quelques jours après leur arrivée à Bangui en 2012, Mgr Nzapalainga a reçu la visite des hommes armés du Seleka. Il leur a ouvert les portes de l’archevêché, leur a fait déposer les armes et les a invités à dialoguer, comme Jésus était allé au-devant des soldats venus l’arrêter (Jean 18, 4). « Je leur ai dit que mon travail était d’annoncer la Parole de Dieu et de prêcher la paix » se souvient-il. Au final, les rebelles sont repartis sans violence ni pillage.
Très vite, l’Eglise a pris la parole publiquement – par des lettres, des déclarations – « pour les sans-voix », pour ceux « dont la dignité est bafouée ». Pourtant, Mgr Nzapalainga ne cache pas que la situation est explosive. Les simplifications qui associent Seleka et islam, anti-balaka et christianisme sont trop rapides et rendent urgent et nécessaire le dialogue entre communautés religieuses. Plusieurs voyages dans les villages lui ont permis de vérifier qu’il n’y a avait ni pasteur, ni prêtre à la tête des anti-balaka. Leur motivation première est la vengeance et le pillage. Il raconte notamment la mort de près de 500 jeunes de ces milices soi-disant chrétiennes, armés de machettes et d’amulettes, sacrifiés en chair à canon. « Nous avons un destin commun. Il faut dialoguer pour faire baisser les tensions et s’expliquer » préconise-t-il.
C’est dans cet esprit qu’il vient de mener, avec l’imam de Bangui, une mission diplomatique « pour le peuple de Centrafrique ». Et grâce à laquelle la RCA va recevoir une aide de plusieurs millions d’euros. De la rencontre avec le Pape François à Rome, il tire encouragement et soutien. Mais Mgr Nzapalainga plaide toujours pour une véritable force militaire des Nations Unies – nourrie, équipée de véhicules et de moyens de transmission.
Une solidarité en actes
Il conclut sur une note d’espérance quand il évoque des églises pleines, véritables refuges. « Les gens continuent à chanter et à prier » témoigne Mgr Nzapalainga. Formé à la théologie à Paris, missionnaire à Marseille, il demande simplement aux catholiques de « garder la communion par la prière » et compte sur la fidélité du soutien de l’Eglise en France pour participer aux efforts indispensables de reconstruction.