Message de Mgr Blaquart pour la Journée de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains en 2017
Instituée par le pape François en 2015, le jour de la Sainte Joséphine Bakhita, la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains a lieu chaque 8 février. Evêque d’Orléans et Président du Conseil pour la solidarité, Mgr Jacques Blaquart invite à se mobiliser pour cette cause.
En France, la définition de la traite – comme sa réalité sur notre sol – est très mal identifiée. On pense souvent qu’il s’agit d’un phénomène d’un autre temps ou existant loin de chez nous, sur d’autres continents. La traite des êtres humains est le fait de recruter, héberger ou déplacer une personne d’un endroit à un autre, dans le même pays, ou dans un autre dans le but de l’exploiter pour en retirer un bénéfice. La victime est le plus souvent trompée, enlevée, vendue, contrainte par des violences physiques, morales et psychologiques. Les formes d’exploitation subies varient : travail forcé, exploitation sexuelle, esclavage domestique, mariage forcé, obligation de mendier, contrainte à voler et commettre d’autres délits, trafics d’organe, enfants soldats… et de nouvelles formes apparaissent avec l’évolution du terrorisme.
En 2007, le Secours Catholique – Caritas France a créé, en France, le Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains » après avoir soutenu pendant plusieurs années des partenaires qui accompagnaient des victimes de traite et leurs familles en Europe centrale et orientale et en Asie. En 2016, ce Collectif rassemble 25 associations dont un certain nombre d’organisations chrétiennes : Justice et Paix, la Cimade, l’Action Catholique des femmes, l’Armée du salut, Aux Captifs la libération, le Comité Protestant évangélique pour la Dignité humaine, la congrégation Notre Dame de Charité du bon Pasteur, la Fédération de l’entraide protestante, les Champs de Booz, le Secours Catholique-Caritas France. Les associations agissent à différents niveaux : accompagnement des victimes, prévention des publics à risque, formation des professionnels, mise en réseaux au niveau national et international, sensibilisation du grand public… Leur expertise et leur diversité renforcent le poids du Collectif dans son travail de plaidoyer. Le Collectif travaille sans cesse à ce que les législations françaises et internationales évoluent et s’appliquent réellement pour lutter efficacement contre ce phénomène.
TOUS les enfants doivent être protégés de la traite dans ses différentes formes
A l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié du 15 janvier 2017, le Pape appelle tout particulièrement à être attentif aux « mineurs migrants et sans voix », et à « l’exploitation perpétrée par des gens sans scrupules aux dépens de nombreux enfants contraints à la prostitution ou pris dans le circuit de la pornographie, asservis dans le travail des mineurs ou enrôlés comme soldats, avec le risque de se retrouver seuls et abandonnés. »
Le Collectif réitère ses demandes au gouvernement français d’une vraie politique publique pour lutter contre la traite des moins de 18 ans comme des adultes. Il préconise : des moyens concrets conséquents répondant aux besoins de repérage, d’identification, de prise en charge (logement, alimentation, santé, scolarisation ou formation professionnelle, accompagnement juridique), de protection des victimes de toutes les formes de traite ; la reconnaissance du statut de victime à tout mineur victime de traite en dehors de toute démarche pénale ; – l’application de la loi selon laquelle un-e mineur-e en situation de prostitution est un-e enfant en danger, qui doit être protégé-e ; l’accompagnement de ces mineurs lors de leur passage dans l’âge adulte. Il insiste sur : le rattachement de la mission interministérielle contre la traite des êtres humains au Premier Ministre ; la sensibilisation du grand public notamment en décrétant la lutte contre la traite Grande Cause nationale ; la formation des policiers, gendarmes, magistrats, avocats, enseignants, éducateurs, travailleurs sociaux et médecins pour mieux identifier les victimes ; la participation effective des associations à l’élaboration du plan national de lutte contre la traite des êtres humains. A l’heure où un nouveau plan d’action national contre la traite doit être écrit en France, le Collectif rappelle l’urgence d’y insérer des moyens financiers pour prévenir et lutter contre la traite.
Mgr Jacques Blaquart, évêque d’Orléans
Président du Conseil pour la solidarité