Mgr Moutel : « L’évêque doit recevoir son diocèse »

Très touché par l’événement de sa consécration épiscopale dans le diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, le 10 octobre 2010, le nouvel évêque a dîné hier avec les évêques de la province de Rennes. Première Assemblée plénière, premières impressions.
 

Dans quel esprit venez-vous à Lourdes ?

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J’ai emporté à Lourdes avec moi, dans mon cœur et ma prière, les habitants des Côtes d’Armor. C’est un juste clin d’œil à une chose merveilleuse qui m’est arrivée au début du mois de septembre, alors que j’étais nommé mais pas encore ordonné. J’ai reçu des dizaines de cartes postales de Lourdes où le diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier était en pèlerinage. Les différentes paroisses saluaient leur nouvel évêque et disaient qu’elles priaient pour lui. Ici, à Lourdes, on se met en présence de Dieu et à l’écoute de son appel, avec tout ce qu’on porte dans son cœur. Je porte ma vie de nouvel évêque et la mission dans le diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier mais aussi des personnes. Le jour de la Toussaint, à l’issue de la célébration à la cathédrale, mais ailleurs également, on m’a dit : « Priez pour moi », « Priez pour mon fils malade ». C’est d’abord ce lien d’intériorité qui est fort à Lourdes. Ici, on déballe son cœur.
 

Pensez-vous que les travaux des évêques sont portés par cette intériorité ?

Même si les sujets évoqués sont souvent des questions de société (environnement, bioéthique), ce que j’ai ressenti dans les prises de parole des différents évêques, c’est que l’annonce de l’Evangile est au cœur même de ces débats. Non pas qu’on veuille imposer à l’ensemble de la société une appartenance chrétienne dans laquelle elle ne voudrait pas se reconnaître : la liberté de croire ou de ne pas croire, de vivre sa foi ou pas, est fondamentale. C’est au titre de notre amitié avec le Christ et de notre statut d’enfant de Dieu, sauvé et aimé, quels que soient notre âge, notre condition sociale… C’est à ce titre que nous avons des repères de sens à faire valoir. J’ai senti que c’est le cœur de la foi qui nous presse de parler. Je perçois aussi que c’est quelque chose qui est attendu. Plus qu’on ose le dire, parfois.
 

Quels sont les premiers projets pour votre diocèse ?

Je n’ai pas d’innovations toutes faites dans ma valise ! Je pense que l’évêque doit recevoir son diocèse, dans toute son extension. D’abord dans sa profondeur de vie évangélique. Même s’il existe des fragilités et des pauvretés, il y a une saveur, une couleur, une largeur, une hauteur, une largeur, une profondeur – pour reprendre une expression de l’apôtre Paul – inédites et propres à cette terre et qui sont en même temps partagées avec l’Eglise universelle. J’ai à recevoir mon diocèse. Les diocésains me reçoivent aussi comme l’un des « successeurs des apôtres » car pour moi, « successeurs des apôtres » ne doit pas s’écrire au singulier. On n’est pas personnellement dans un diocèse « successeur ». L’évêque est en communion avec tous les autres évêques, le pape, évêque de Rome, successeur de Pierre, et avec l’Eglise universelle.

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