« Dimanche et humanité », par Mgr Deniau, mai 2009
Permettre de travailler plus et de consommer plus : est-ce vraiment un objectif à faire passer en premier ? alors que beaucoup alertent aujourd’hui sur des conditions de vie et de travail qui fragilisent la vie des couples et des familles, qui ne permettent guère aux parents et aux enfants de se retrouver pour des moments de convivialité, d’échange, de détente ensemble.
Va-t-on une nouvelle fois sacrifier au sacro-saint marché l’équilibre de vie des personnes, la vie sociale et les possibilités de rencontres culturelles, associatives ou de loisirs ? Ne sommes-nous que des vendeurs et des consommateurs ? Ou est-ce encore autre chose qui fait notre humanité ?
Les syndicats dénoncent un aspect de plus du grignotage des acquis sociaux. Les associations familiales réclament une plus réelle attention aux conditions de vie des familles, déjà entamées par les horaires de travail, voire les lieux de travail, qui séparent les couples dans la vie quotidienne. Je suis témoin de ces dégradations. Le repos du septième jour est un cadeau fait par la tradition juive à l’humanité. Avant d’être une prescription religieuse, il a été la plus ancienne loi sociale : l’interdit de travailler, et de faire travailler les autres, le septième jour. Il rend possible de vrais rapports sociaux ; il fait du travail autre chose qu’un asservissement ; il humanise notre vie.
Il faudra toujours que les pompiers, les travailleurs de la santé, et bien d’autres travaillent le dimanche. C’est un service de l’humanité. Mais faire de ces exceptions une règle pour tous va contre l’humanité de notre vie.
Francis Deniau, évêque du diocèse de Nevers
« Le journal du Centre », mai 2008