Réenchanter l’Ecole ou l’unifier dans une perspective d’espérance
Secrétaire général de l’Enseignement catholique, Pascal Balmand décrypte le projet « Réenchanter l’Ecole » (Documents Episcopat, N°2/2016). Un travail collégial, de relecture puis d’analyse, pour construire une dynamique collective afin que l’Ecole catholique soit toujours plus un lieu de formation de la personne.
Comment ce document est-il né ?
C’est le fruit d’une réflexion collégiale qui se développe depuis maintenant un an, puisque le « Conseil du Réenchantement » a commencé à se réunir début 2015. Il rassemble différents acteurs des communautés éducatives (enseignants, parents, chefs d’établissements…). L’idée est de construire une dynamique collective, dans une démarche à la fois modeste et pragmatique, et en même temps, un peu ambitieuse aussi. Pour donner à l’Ecole catholique toujours plus de souffle – non pas qu’elle en manque, elle a de l’élan – mais nous ressentons le besoin de creuser cet effort pour une école qui ait vraiment du sens ; une école qui ne soit pas simplement un lieu d’enseignement mais un lieu de formation de la personne.
Y-a-t-il des recommandations ?
Pas exactement. « Réenchanter l’école », c’est une invitation, pas un programme clé en main. C’est une invitation faite aux communautés éducatives à se mettre en mouvement, si elles le souhaitent et quand elles le souhaitent, autour des trois volets conjoints – et non successifs. Premier volet : « Penser », parce qu’on a besoin d’analyser le monde dans lequel on vit. Deuxième volet : « Explorer », au sens de multiplier les initiatives pédagogiques, les mutualiser et les accompagner. Et enfin, troisième volet : « Partager ».
Quelle serait la mise en œuvre possible ?
Elle se construit progressivement. Actuellement, nous ouvrons une phase de recueil de parole auprès de tous les acteurs des communautés éducatives, à commencer par ceux qui n’ont pas l’habitude de s’exprimer ou qu’on n’a pas forcément assez l’habitude d’écouter. Cela n’a pas de vocation sociologique ou universitaire. Il s’agit de prendre le pouls, autour de deux questions très simples : « Dans ce je vis à l’Ecole, qu’est-ce qui me touche, me questionne, me frappe ? » et « De quoi est-ce je rêve ? A quoi est-ce que j’aspire ? » A l’automne prochain sera mené tout un travail d’analyse de ce recueil de parole, avec des universitaires, des théologiens, des philosophes, des sociologues. Nous verrons comment une réflexion globale peut se construire sur cette base, sur les orientations de l’Ecole catholique dans les années à venir.
« Avance en eau profonde »
Alors que l’Etat, en 2013, a voulu « refonder l’école » – comprendre réorganiser le système scolaire français – l’Enseignement catholique souhaite aujourd’hui la « réenchanter ». L’enjeu est celui « d’une attitude collective », « d’un état d’esprit ». Pas de formule magique mais l’ambition de « donner le plus possible d’unité à tout ce qui se vit dans l’univers éducatif ». « Réenchanter l’Ecole, c’est l’unifier dans une perspective d’espérance » synthétise Pascal Balmand. Son phare évangélique dans cette aventure éducative et spirituelle ? « Avance en eau profonde » (Luc 5, 4)