Mgr Lafont : « J’ai des besoins énormes et un budget insuffisant »
Deux événements sont programmés en métropole pour lever des fonds au profit des chantiers de l’Eglise catholique en Guyane. Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, fait le point sur la situation et les besoins.
Qu’est-ce qui caractérise le visage du diocèse de Guyane ?
Quand je suis arrivé dans ce diocèse, il comptait 200.000 personnes. Dans 15 ans, il y en aura 500.000 ! 50% de la population n’a pas 23 ans. 70% des jeunes scolarisés ne parlent pas français à la maison mais créole, bushinengué, brésilien, chinois, haïtien ou l’une des 6 langues amérindiennes… Parmi les citoyens guyanais, on dénombre 10 ou 12 langues. J’essaie d’apprendre le brésilien et le créole. C’est une population en pleine croissance. Nous avons d’une part à organiser les paroisses existantes – près de la moitié d’entre elles n’ont pas de salle paroissiale et dans un certain nombre d’endroits, les bâtiments s’abîment beaucoup en raison du climat – et d’autre part parce que je devrais construire une dizaine, voire une quinzaine, de paroisses. Or je n’ai pas un sou !
Quelle est la situation financière du diocèse ?
L’Eglise catholique en Guyane a été une Eglise créée par des missionnaires venant de France avaient tout l’argent qu’il fallait. Ils sont partis. Leurs successeurs qui sont Guyanais, Haïtiens ou Africains n’ont rien. D’un autre côté, que le Conseil général ait rémunéré les prêtres pendant des années – un décret de Charles X – et qu’il continue de le faire provisoirement, fait que pour beaucoup, l’Eglise n’ait pas besoin d’argent. La population catholique peut être très généreuse mais elle n’en a pas l’habitude. Vous imaginez qu’il y a un travail formidable à accomplir sur le Denier de l’Eglise. A Cayenne, nous faisons un énorme effort pour la mensualisation du Denier de l’Eglise. Nous en sommes à 217 donateurs. Les mentalités doivent évoluer… Ces dernières années, il oscillait autour de 70.000 euros par an. J’ai besoin d’un million ! Le budget consolidé du diocèse plus les paroisses est actuellement de 1,5 million euros.
Quels sont les projets des chantiers de l’évêque ?
Je suis en train d’acheter un terrain pour une église : cela va me revenir à 280.000 euros. Il me faut 1 million pour construire quelque chose. Je n’ai rien. Depuis 10 ans, on m’a promis un autre terrain. Comme on ne me le donne pas, il va falloir que je l’achète. Et construire une église, c’est un autre million d’euros. Saint-Laurent du Maroni, avec aujourd’hui 45.000 habitants, en comptera 150.000 dans 15 ans. Ce sont neuf lieux de culte mais une seule paroisse. Il faudrait en créer plusieurs. Toutes les églises du fleuve sont à refaire. Donc, j’ai des besoins énormes et un budget bien insuffisant. Quand j’en ai parlé à la Conférence des évêques, on m’a conseillé de monter des chantiers de l’évêque avec une antenne à Paris, parce que c’est aussi là que je trouverais du soutien. Et c’est vrai. C’est la raison pour laquelle existe la branche parisienne des chantiers de l’évêque de Guyane. J’ai donc deux rendez-vous en France – le 10/11 à Paris et 16/11 à Tours – avec la communauté antillaise et la petite communauté guyanaise.
Contacté par les éditions Nouvelle Cité pour écrire « Prier 15 jours avec Nelson Mandela », l’ancien curé de Soweto considère Mandela (1918-2013) comme « un géant qui a touché le monde entier par son humanité, sa sincérité », des valeurs évangéliques profondes. « Quand on m’a demandé si c’était un maître spirituel, j’ai répondu non mais c’est un maître de sagesse ». Pour rédiger cet ouvrage de prière, il a relu autobiographie et citations. « C’ est un géant profondément humain, explique encore Mgr Lafont. Ni une idole, ni un saint, Nelson Mandela est un homme avec ses faiblesses et ses qualités. Il a su mettre ses qualités au service de son peuple et les faire fructifier ». Pour lui, il a magnifiquement profité de son expérience en prison : « Cela a fait fructifier en lui tout ce qu’il y avait de bon. Il a été affiné comme on affine l’or par le feu ». L’évêque de Cayenne en est certain, Mandela grandira dans la mémoire de l’humanité : « On ne cessera pas de parler de lui ».