Lourdes, onzième pèlerinage pour la Vie
Du dimanche 24 au jeudi 28 août le P. Eric Lestage organise à Lourdes le 11e pèlerinage pour la Vie et la prévention du suicide des jeunes. Fondé à la suite d’une rencontre d’une jeune fille en état suicidaire, ce pèlerinage est dédié aux jeunes en difficulté, pour prier et aller dans des lieux où la mort n’a pas eu le dernier mot. Propos recueillis par E. Nghiap.
Comment est né ce pèlerinage ?
C’est lors d’un pèlerinage en Israël que j’ai rencontré Sandrine qui a eu une pulsion suicidaire. Elle m’a demandé de l’aider à rester en vie puis, de l’accompagner après ce pèlerinage. Par la suite, j’ai rencontré des amis à elle qui étaient dans la même situation. De fil en aiguille, nous avons donc créé une association : la bergerie du cygne, pour venir en aide aux jeunes en état suicidaire. Les jeunes souhaitaient que l’association soit non confessionnelle à la manière de ce que fait le Père Guy Gilbert. Mais Sandrine souhaitait aller à Lourdes alors nous sommes partis tous les deux avec une de ses amies.
Les années suivantes, d’autres personnes nous ont accompagnées. Il y a peu de jeunes, ce sont surtout des adultes touchés par le suicide d’un enfant ou d’un jeune proche ou bien des professionnels du secteur. C’est donc un pèlerinage de prière pour les jeunes qui se sont suicidés dans l’année mais aussi pour tous ceux que nous avons rencontrés. Nous partons avec des galets dans des paniers. Dessus, nous marquons les noms et les âges des jeunes pour qui nous prions. S’ils sont décédés, nous y ajoutons une petite croix blanche. Nous gardons ces paniers avec nous durant notre pèlerinage pour marquer la présence de ces jeunes et pour les confier dans nos prières.
Pourquoi aller à Lourdes ? Est-ce pour le lieu de guérisons qu’il représente ?
Pour les jeunes en état suicidaire, leur pensée est : « j’aimerais que la souffrance qui est si grande en moi, s’arrête ». Les professionnels qui accompagnent ces jeunes disent que le chemin du suicide est en forme d’entonnoir. On peut toujours se raccrocher mais plus on glisse, plus cela devient difficile de remonter et le suicide apparait comme la seule issue possible. Quand nous nous rendons à Lourdes, nous allons dans des lieux où la mort n’a pas gagné comme dans la communauté du Cenacolo où des jeunes sont entendus dans leurs appels au secours. Nous allons également à l’Office Chrétien des personnes Handicapées et bien évidemment à la Grotte.
Lourdes est un lieu très symbolique et porteur d’espérance. Nous ne parlons pas de guérison dans le cas d’état suicidaire mais d’espoir de la Vie. A Lourdes, la Vierge Marie a rencontré Bernadette qui était malade, et c’est souvent ainsi que Dieu nous rencontre. Il vient vers les plus faibles, les malades pour nous montrer sa douce puissance et sa présence chaque jour. L’idée d’un pèlerinage à Lourdes, c’est pour que nous puissions être des relais pour permettre aux jeunes de trouver les ressources de Vie que Dieu a mis en chacun depuis la Création.
Comment l’Église peut s’engager sur la question du suicide ?
Dans l’Église on parle encore peu du suicide. C’est une question intérieure à chacun. Or, l’Église dispose déjà des ressources qui permettraient un meilleur accompagnement des personnes en détresse. Cela passe en premier lieu par une écoute simple et formée et par l’accueil de personnes en état suicidaire. Il y a certainement une réflexion à mener sur la résurrection et comment la résurrection du Christ peut illuminer les sources de Vie en nous et particulièrement chez les personnes en souffrance. Nous avons en France des personnes très compétentes sur la question du suicide. Avec l’Église, nous pouvons aborder cette question et bâtir des chemins d’accompagnement.
L’Église est porteuse du message de la Vie par Dieu. La question qui se pose est simple : « comment l’Église peut nous aider à nous maintenir en état de Création ? ». Il y a une fenêtre d’espérance dans le christianisme qui fait que notre discours et notre façon d’agir montrent à ces personnes qu’elles sont aimées et respectées. Dieu s’est incarné pour mieux nous rapprocher de Lui. Aujourd’hui c’est à nous, l’Église, d’être les relais de son Amour auprès de ces jeunes.