Histoire des relations pontificales avec la Roumanie

Jean-Paul II fut le premier pape à poser le pied en Roumanie, du 7 au 9 mai 1999. Il s’agit de la première visite pontificale sur une terre majoritairement orthodoxe depuis le schisme de 1054.

09 mai 1999 : Jean Paul II et le patriarche Teoctist, primat de l'Égl. orthodoxe de Roumanie, Bucarest, Roumanie.

A Bucarest, sa rencontre avec le patriarche Teoctist, chef de l’Église orthodoxe roumaine, avait été un moment marquant de cette visite et s’était conclut sur un appel commun pour la paix dans les Balkans. Ce voyage s’effectua dans un contexte d’hostilité entre les orthodoxes et les gréco-catholiques. En janvier 1999, l’Église orthodoxe s’était engagée à restituer à l’Église gréco-catholique plus de cent églises confisquées sous le régime communiste.

Le voyage intervenait également pendant la guerre en Yougoslavie, pays à majorité orthodoxe et voisin de la Roumanie. Le Pape Jean Paul Il a visité la cathédrale Saint-Joseph de Bucarest, a rencontré les évêques, le corps diplomatique et le patriarche orthodoxe Teoctist, et a célébré une grande messe au parc « Podul Izvor » de Bucarest.

Quelques axes principaux ressortent de ses différentes prises de paroles :
  • La Roumanie a connu en ce siècle « les horreurs des durs systèmes totalitaires ». « Le régime communiste supprima l’Église de rite byzantin-roumain unie à Rome, et persécuta évêques et prêtres, religieux, religieuses et laïcs, dont un grand nombre payèrent par le sang leur fidélité au Christ. » « La mort a uni nos frères dans la foi dans le témoignage héroïque du martyre : ils nous laissent une inoubliable leçon d’amour envers le Christ et son Église. »
  • La Roumanie est un pays d’union des civilisations, des cultures romaines et byzantines depuis l’Antiquité. « Ce pays […] est devenu au cours des siècles un pont entre le monde latin et orthodoxe, ainsi qu’entre la civilisation hellénique et les peuples slaves. »2
  • Le pape affirme l’importance de l’union de l’Église gréco-catholique et des Églises entre elles et d’un témoignage commun. « Les Eglises orthodoxes et l’Eglise catholique ont parcouru un long chemin de réconciliation. […] Le moment n’est-il pas venu maintenant de reprendre résolument la recherche théologique, soutenue par la prière et par la sympathie de tous les fidèles, orthodoxes et catholiques ? » « Béatitude, chers Frères dans l’épiscopat, redonnons une unité visible à l’Eglise, ou alors ce monde sera privé d’un témoignage que seuls les disciples du Fils de Dieu, mort et ressuscité par amour, peuvent lui offrir pour l’amener à s’ouvrir à la foi (cf. Jn 17, 21). […] Le témoignage commun est un puissant moyen d’évangélisation. La division marque au contraire la victoire des ténèbres sur la lumière. »
  • Il souligne le chemin qu’il reste à parcourir pour que la liberté religieuse soit garantie en Roumanie. Elle ne peut se construire qu’en « consolidant les institutions démocratiques. » «L’Église grecque-catholique de Roumanie a subi ces dernières décennies une violente répression, ses droits ont été bafoués et violés. […] La fin de la persécution a rendu la liberté, mais le problème des structures ecclésiales attend encore sa solution définitive. »
  • « Dans l’Église naissent l’unité et la paix : c’est de cette façon que l’histoire des hommes peut devenir une histoire d’unité. ». En outre, la diversité dans l’Église catholique, « loin de nuire à son unité, la met en valeur. » (Orientalium Ecclesiarum, n. 1 et 2)
  • Il présente l’Église roumaine comme un témoin particulier de cette unité : « Le mystère de l’unité marque de façon particulière le peuple roumain. » L’Église roumaine a gardé l’héritagede la foi et de la culture byzantine, des apôtres qui sont venus l’évangéliser, héritage partagé par l’Église gréco-catholique et l’Église orthodoxe. Elle a été « un intermédiaire entre l’Orient et Occident, adoptant d’une part les valeurs promues en Transylvanie par le Saint-Siège ; et, d’autre part, en communiquant à tous les catholiques les valeurs de l’Orient chrétien […]. L’Église grecque-catholique devint donc un témoignage éloquent de l’unité de toute l’Eglise, montrant qu’elle incluait en elle les valeurs des institutions, des rites liturgiques et des traditions ecclésiastiques, remontant, par des voies différentes, à la tradition apostolique elle- même (cf. Orientalium Ecclesiarum, n. 1). »
  • Sous l’épreuve du totalitarisme communiste, l’Église gréco-catholique est devenue une « Église des confesseurs et des martyrs » et a livré « un douloureux et difficile témoignage de fidélité à l’exigence évangélique de l’unité. » à travers les martyrs.09 mai 1999 : Jean Paul II et le patriarche Teoctist, primat de l'Égl. orthodoxe de Roumanie, Bucarest, Roumanie. May 09th, 1999: John Paul II and the patriarch Teoctist, primacy of orthodox Égl. of Rumania, Bucharest, Rumania.L’Église gréco-catholique roumaine doit maintenant se reconstruire, malgré ses moyens humains et matériels limités. Elle a «le devoir de retourner à son passé et surtout à la période des persécutions, pour identifier et valoriser ses martyrs. » Il faut profiter des témoins du passé récent pour recueillir leur témoignage, enrichir la documentation, pour que les générations futures connaissent leur histoire. Elle est engagée dans un effort long et difficile pour accepter pleinement le concile Vatican II, qu’elle n’a pas assimilé, étant persécuté à cette époque.
  • Les catholiques, les orthodoxes, les anglicans et les protestants ont tous leurs martyrs : cela apparaît comme un ferment d’unité de l’Eglise. « Leur sang, versé pour le Christ et avec le Christ, est une base certaine sur laquelle fonder la recherche de l’unité de tout l’œkumène chrétien. »
  • Pour aller vers la réconciliation entre l’Église gréco-catholique et l’Église orthodoxe, il faut puiser dans l’héritage liturgique et patristique commun, encourager « la poursuite du dialogue […] dans l’espoir que bientôt, tous les points de controverse seront éclaircis dans un esprit de justice et de charité chrétienne. »

 

1 Jean-Paul II, lors de la visite à la cathédrale Saint-Joseph de Bucarest.

3 Jean-Paul II, discours lors de la rencontre avec le Patriarche orthodoxe Teoctist.

4 Jean-Paul II, discours lors de la rencontre avec le Patriarche orthodoxe Teoctist.

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