La sauvegarde de la création en questions
Quel est le lien entre la foi et le respect de l’environnement ?
A Vienne, en septembre 2007, Benoît XVI déclarait : « Le dimanche est dans l’Eglise également la fête hebdomadaire de la création, la fête de la gratitude et de la joie pour la création de Dieu. A une époque où, à cause de nos interventions humaines, la création semble exposée à de nombreux dangers, nous devrions accueillir consciemment cette dimension du dimanche également. »
Le 24 septembre 2007, Mgr Parolin défendait ces préoccupations du Saint-siège au sommet de l’ONU sur les changements climatiques, et tenait à « mettre l’accent sur l’impératif moral que tous, sans exception, ont une grave responsabilité à protéger l’environnement ».
A la messe de minuit de Noël 2007, Benoît XVI affirme : « L’étable (de Noël) représente la terre maltraitée (…) en raison de l’utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution ». Et son message de paix du 1er janvier 2008 insiste : « Il est fondamental de » penser » la terre comme » notre maison commune « .» Cela veut dire que « les pays technologiquement avancés doivent revoir leurs habitudes exagérées en matière de consommation d’énergie, liées au modèle actuel de développement. » Chacun est invité à « s’engager (…), dans le but de renforcer l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le miroir de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons. »
Comment le Vatican montre-t-il l’exemple ?
Le Vatican veut montrer l’exemple et s’engage concrètement, lui aussi.
Le plus petit État du monde a pour ambition de devenir neutre en émission de carbone. Sur ses 44 hectares de souveraineté, il n’a aucune industrie polluante, et il a annoncé, en juin 2007, que des centaines de panneaux solaires photovoltaïques seraient installés, en 2008, sur le gigantesque toit de la salle des audiences, pour fournir l’électricité à la cité du Vatican.
Le 5 juillet 2007, il signait le contrat de plantation d’une « forêt climatique du Vatican » en Hongrie, amorçant un « puit de carbone » de 7 000 hectares, afin de compenser les émissions de carbone provoquées par les déplacements du pape et de ses collaborateurs.
En quoi Benoît XVI s’inscrit-il dans la continuité de ses prédécesseurs ?
Benoît XVI a repris le flambeau allumé par ses prédécesseurs, car les papes et les églises chrétiennes n’ont pas été en retard par rapport à la prise de conscience de la société civile. La première conférence des Nations Unies pour l’environnement a eu lieu à Stockholm, en 1972. Le message envoyé par Paul VI y est lu à l’ouverture de la première séance, alertant déjà l’humanité pour qu’elle substitue le respect de la biosphère à la poussée aveugle du progrès matériel.
Jean-Paul II, en 1979, un an après son accession au pontificat, évoque la volonté du Créateur de voir l’homme être en communion avec la nature et non en position d’exploiteur ou de destructeur. Il désigne saint François d’Assise comme patron des écologistes, sorte de bénédiction à une époque où on les regardait souvent de travers. En 1983, les Eglises anglo-saxonnes animent la rencontre œcuménique mondiale de Vancouver qui associe la sauvegarde de la Création aux valeurs plus familières pour les chrétiens, de paix et de justice.
L’important message du 1er janvier 1990 de Jean-Paul II, « la paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création » creuse les enjeux théologiques de l’écologie. Le pape y montre que les atteintes à l’environnement sont une menace pour la paix et que notre crise écologique est d’abord un problème moral. Il appelle à une éducation et à une responsabilité écologique de chacun, et il exprime aux catholiques « l’obligation grave de prendre soin de toute la création. » Est-ce une simple coïncidence si, à cette même période, celui qui n’est encore que le cardinal Joseph Ratzinger, publie une série de ses sermons sur la Création (1) , pour pallier à « la disparition presque totale du message de la Création dans la catéchèse, la prédication et la théologie. »
(1) « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre », Fayard 1990, 94 p.