Et si la vie n’est plus possible entre nous : éclairage de Mgr Perrier

Si un couple en arrive à dire ou même si l’un des deux en arrive à se dire « ce n’est plus possible », il n’est peut-être pas encore trop tard. Le constat peut constituer un électrochoc. Il faut repartir sur d’autres bases. Peut-être s’est-on laissé aller, sans réfléchir, pensant qu’avec le temps le couple trouverait instinctivement son style et son rythme de croisière.

Or le couple est une petite société : il a besoin de se donner quelques règles. Même l’ermite, paraît-il, doit se fixer une règle de vie : sinon, il divague, même spirituellement. Quand un couple se sépare, l’entourage est souvent tenté de penser : « Ils sont allés trop vite ; ils auraient encore pu essayer ». Qui peut le dire ? Ce qui est sûr, c’est que la multiplication des divorces menace chaque mariage et le rend plus fragile. Nous prétendons bien être seuls juges de notre conduite, mais, en fait, notre époque est extraordinairement conformiste, y compris dans ses rejets de la morale jugée comme ancienne. Circonstance aggravante : le divorce peut intervenir à n’importe quel moment dans l’histoire du couple : depuis à peine quelques mois après le mariage jusqu’au troisième âge.

Une des causes de la séparation est, sans doute, l’idée que le couple devrait tout partager. Nos anciens étaient peut-être moins exigeants sur le court terme, ce qui permettait aux ménages de durer et de trouver, dans la durée, une tendresse, une connivence, bâtie à partir de souvenirs, d’épreuves surmontées, d’enfants avec leurs propres problèmes.

 

Ce qu’apporte le sacrement du mariage

Dans le sacrement de mariage, d’un point de vue vraiment chrétien, la croix du Christ est présente. Le sacrement doit permettre au couple de surmonter ses difficultés et de se pardonner mutuellement. Mais, dès l’origine, l’Église a reconnu que, dans certains cas, la vie commune n’est vraiment plus possible. Nous savons mieux aujourd’hui combien la violence physique est fréquente
dans tous les milieux sociaux. Mais il existe d’autres formes de violence, plus subtiles, peut-être involontaires mais efficacement destructrices.

Or, le mariage, même dans une vision très austère de la morale, n’est pas fait pour détruire les êtres. Nul n’a le droit d’aller au suicide (laissons de côté le cas limite du résistant qui préfère se donner la mort plutôt que de trahir ses compagnons, sous la torture). Le bien des enfants peut, dans certains cas, légitimer une séparation.

Bien des personnes séparées croient qu’elles se sont, de ce fait, mises en dehors de l’Église. À elles, éventuellement, de reconnaître leur responsabilité dans la séparation mais leur état de vie ne les exclut nullement de la participation aux sacrements. Ce point mérite d’être mis en valeur. Car certains s’imaginent que l’Eglise est partisan d’une sorte d’acharnement matrimonial : « Quoi qu’il arrive, vous devez rester ensemble ! » Ce n’est pas sa pensée.

L’eucharistie en question

Quant à l’Eucharistie, elle n’est jamais un droit. Ceux qui s’engagent dans un nouveau mariage qui ne peut pas être sacramentel renoncent, du même coup, à l’Eucharistie. Le mariage et l’Eucharistie sont tous deux des sacrements de l’alliance : ils ne peuvent être dissociés. Il y aurait incohérence et notre temps, incertain, demande que l’on soit au moins cohérent. C’est la source, pour certains, d’une grande souffrance, redoublée du fait d’une totale incompréhension. Dans la mentalité actuelle, le mariage, décidé par amour, tient tant qu’on s’aime. Si on ne s’aime plus, le mariage n’existe plus et chacun reprend sa vie. Jésus dit le contraire : « Que l’homme (y compris moi-même) ne sépare pas ce que Dieu a uni ».

Ce qui choque, à bon droit, les divorcés remariés qui se voient privés de la communion, c’est de constater que certaines personnes, vivant notoirement en concubinage, s’approchent de la communion sans hésitation. Disons-le franchement : ces personnes ont tort. Leur conscience chrétienne s’est laissé anesthésier par l’air du temps.

Le mariage d’un homme et d’une femme est comme le premier enfant qu’ensemble ils ont mis au monde. Cet enfant peut être malade ou délinquant : ses parents ne vont pas l’abandonner pour autant.

Source : Simples questions sur la foi

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