Réponses chrétiennes à la crise du politique

« Le choix de la personne », tel était le thème du colloque organisé par le Service Pastoral d’Etudes Politiques (SPEP) en cette année électorale, le 31 janvier 2012, à l’église Sainte-Clothilde (Paris).
 

Le respect de la personne

De sa contemplation du Christ, l’Eglise tire une vision cohérente de la personne en toutes ses dimensions, inséparables les unes des autres. « Abandonnée à sa pure sécularité, la personne est menacée », analyse Matthieu Rougé, prêtre du diocèse de Paris et directeur du Service pastoral d’études politiques. « Comment ne pas être frappé par la distorsion contemporaine, précise-t-il, entre l’affirmation théorique du respect de la personne et une constante remise en cause de sa dignité : mépris des plus fragiles, perte du sens de l’homme et de la femme, marchandisation du vivant, violence des relations professionnelles et sociales ? On peut se demander si cette distorsion n’est pas une des incohérences essentielles qui fragilisent voire discréditent la responsabilité politique aujourd’hui ».
 

Foi en Dieu, foi en l’homme

En ouvrant la table ronde, Chantal Delsol a présenté la personne comme un choix. L’être humain singulier est à prendre en compte et l’idée de la personne suppose une conscience morale individuelle. « La personne a une liberté située, a-t-elle précisé, sociale, autonome mais pas autosuffisante. L’Homme a une singularité : l’Homme, homme et femme, est sacré ». Xavier Lacroix a souligné « l’ambivalence de notre culture et du droit sur le respect du corps. Le corps n’est pas une chose. Un corps animé de l’intérieur, a-t-il souligné , et non une âme incarnée. Et d’ajouter, « Va-t-on accentuer la dissociation entre le biologique et le symbolique ? Les chrétiens sont cohérents quand ils rappellent que le corps a un sens social ». Aujourd’hui, le modèle est la « dissociation » : On considère normal que l’enfant ait trois pères. L’homoparentalité remplace la parentalité. La procréation peut se faire sans sexualité…Une question : « La loi serait-elle uniquement libérale ou pouvons-nous adhérer à une philosophe du bien commun ? »
 

Quelle société voulons-nous ?

Hommes politiques, théologien, chef d’entreprise et responsable associatif ont témoigné de leur expérience personnelle. Le cardinal André Vingt-Trois a présenté les grandes lignes de sa réflexion qu’il vient de publier dans « Quelle société voulons-nous ? » (Pocket). « L’appel que nous lançons régulièrement à promouvoir de nouveaux modes de vie n’est pas une incantation moralisante. C’est plutôt l’avertissement que la raison humaine doit lancer devant les excès de notre système. » (Discours d’ouverture de l’Assemblée plénière, avril 2011). Dans le contexte de crise où nous sommes plongés, quels enjeux identifions-nous ? Qu’y a-t-il d’essentiel dans notre mode de vie ? Sommes-nous soumis aux mécanismes de l’économie difficiles à maîtriser ou bien le service de l’homme peut-il tout de même orienter nos actions ? Le cardinal Vingt-Trois souhaite offrir à ceux qui se préparent à voter, un itinéraire de réflexion.. « L’éducation de la conscience, par le dialogue raisonné de la foi, est donc un impératif pour tout croyant s’il ne veut pas en rester à quelques formules toutes faites. Il est invité par l’Eglise à découvrir la richesse de son enseignement, jalonné par des encycliques des papes et récapitulé dans le Catéchisme de l’Eglise catholique, qui concerne l’homme tout entier. Une redéfinition du bien commun est sans doute nécessaire », précise-t-il.
Pour les élections en 2012, le cardinal Vingt-Trois reprend les grands domaines de la vie en société : vie naissante, famille, éducation, jeunes, banlieues et cités, environnement, économie et justice, coopération internationale, citant le pape Benoît XVI dans l’encyclique Caritas in veritate (2009) « Il appartient à chacun d’intégrer que ses envies personnelles ne peuvent être l’unique ressort de son agir et de son jugement. Il est fort possible que la prise en compte du bien commun demande des sacrifices à chacun ».
 

logo_spep_2013

Les personnalités présentes

Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France, Chantal Delsol, Membre de l’Institut, Xavier Lacroix, membre du Comité consultatif national d’éthique, P. Philippe Vallin, Membre de la commission théologique internationale, Laurent Wauquiez (UMP), Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Bariza Khiari (PS), Vice-présidente du Sénat, Michel Rollier, Président de la Gérance du Groupe Michelin, Jean-Guilhem Xerri, Président de l’association « Aux captifs, la libération », P. Matthieu Rougé, Directeur du Service Pastoral d’Etudes Politiques.

Sur le même thème

à consulter sur le sujet

DSE doctrine sociale