A Tourcoing : casser les cloisons pour briser l’isolement des enfants
Jeune père de famille, Baptiste Snaet, 30 ans, habite juste à côté de son lieu de travail, la paroisse Saint Matthieu, près du métro Phalempins, à Tourcoing. Il fait partie des cinq personnes de l’équipe missionnaire missionnée par l’évêque. Son leitmotiv : « il faut décloisonner, regarder la réalité en face, oser faire autrement et faire ensemble». Ancien permanent de l’ACE puis du MRJC -qui, dit-il, « fait partie de mon adn »- Baptiste est tombé enfant dans la marmite de l’animation, son père ayant été directeur de camps. Il témoigne avoir été marqué par le fait que ses parents « ont vécu des souvenirs formidables en vacances avec leur paroisse ». Et aussi par cette remarque d’un membre de l’EAP regrettant le fait qu’ « à partir de 14 ans, l’Église n’ait plus rien à proposer à son petit voisin servant d’autel ». D’où le rêve de Baptiste d’organiser lui aussi un camp pour les enfants de Tourcoing qui, pour certains, n’ont jamais dormi ailleurs que chez leurs parents ou jamais vu la mer alors qu’elle se trouve… à une heure de chez eux ».
Sortir des zones de confort
« Il est plus difficile, insiste-t-il, de faire des activités régulières. On ne vit plus dans ce monde, il faut s’adapter ». C’est ainsi qu’il a proposé aux jeunes filles de 17 ans « hyper motivées » qui animaient un club ACE le dimanche matin avec quelques enfants d’intégrer la commission de préparation du camp. L’une d’elles a suivi. Une dame catéchiste et institutrice, un professeur de sports et d’autres les ont rejoints. L’association diocésaine de l’Action Catholique des Enfants a été sollicitée. Les frais ont été couverts grâce à la vente de crêpes à la sortie de l’église et à diverses subventions. « Les paroisses n’en ont pas conscience mais elles ont une force de frappe phénoménale », assure Baptiste.
Au final, en août 2017, dans la maison diocésaine de Merville, 15 enfants de 8 à 12 ans (servants d’autel, voisin ou enfants de paroissiennes, fille d’une dame rencontrée lors d’un pèlerinage marial, fratrie d’une famille nombreuse), encadrés par 4 adultes ont vécu un beau temps fort de vacances. « Lorsqu’on emmène des jeunes en camp, on les fait sortir de leur zone de confort et on casse leurs cloisons », témoigne Baptiste. Unique petit temps spirituel : celui durant lequel il leur a été demandé de fermer les yeux, de trouver une pépite de leur séjour, puis de la raconter aux autres et d’exprimer des pardons pour des bousculades ou des moqueries, mais aussi une demande et un merci. Alors en quoi l’Église fait-elle œuvre originale ? « Chrétien je ne vais pas animer différemment, dans l’esprit de l’Évangile, que dans un camp organisé par la mairie. Jésus parlait de la même manière aux Juifs et à la Samaritaine. Il faut qu’il y ait des chrétiens dans les camps de la mairie. Ce n’est pas l’un OU l’autre et il ne s’agit pas d’inviter tout le monde à la messe ou au caté mais de discerner ensuite pour chaque enfant», répond Baptiste. Il ajoute deux choses : « C’est aussi à travers ce style de proposition que l’Église rencontre les parents. Et où trouver ailleurs un camp d’une semaine à seulement 20€ et accepter qu’une famille en difficulté paye en deux échéances!!! ».
Avec le même enthousiasme, Baptiste raconte l’autre activité entreprise dans le quartier populaire de la Bourgogne. Là encore, une règle d’or : adaptation au réel (une dizaine d’enfants montant sur le mur de l’église) et décloisonnement. Une fois par mois, un petit groupe s’est mis à lire l’Évangile en buvant le café chez une grand-mère de famille nombreuse. Que faire pour ce quartier ? L’idée a surgi de jouer avec les enfants dans le parc où ils se rassemblent. Et ce pendant les vacances de février, de Pâques et en juin. Les jeux (ballons, cerceaux, kaplas…) ramenés par l’ACE sont suivis d’un goûter préparé par des mamies de la paroisse et souvent partagé avec les parents. « Même moi je suis étonné que ça marche », commente Baptiste. Il suffit de fédérer les bonnes volontés…
Chantal Joly