Maman Secours ; de belles rencontres

Maman Secours à ColombesÀ Colombes, dans les Hauts-de-Seine, une quinzaine de bénévoles se rendent disponibles tous les jeudis matin pour « Maman Secours ». Dans cette structure du Secours Catholique accueillie par la paroisse Sainte-Marie-des-Vallées, des mamans sans ressource et en grand isolement trouvent convivialité et soutien. Par Chantal Joly.

 Dans la grande salle où figure un portrait de Sœur Rosalie Rendu, fille de la Charité Saint Vincent de Paul, un grand tapis a été déployé. Des jouets et des peluches -un prêt de la garderie de la paroisse- y attendent les enfants. Brune et sa jumelle Jeanne, 21 mois, les filles de Noémie, co-responsable de Maman Secours, y sont sages comme des images, accaparées par une tortue d’éveil tandis que le petit garçon d’une personne accueillie s’est emparé d’un camion.

« Au début je venais sans mes filles que je faisais garder mais c’est bien de se mélanger. C’est important qu’elles puissent voir des bébés de toutes les couleurs et de toutes les conditions ; c’est important », commente Noémie. En congé parental, cette maman de cinq enfants trouvait que « c’était bien de donner du temps aux autres » et puis, ajoute-t-elle, « les bébés j’adore ! ». Il faut préciser que sa propre mère est bénévole à « La Rampe », un autre accueil de jour du Secours Catholique à Colombes. Ce matin, Noémie anime l’atelier manucure, un temps privilégié « pour que les mamans s’occupent d’elles et puissent discuter en même temps ».

Reprendre souffle

Pour toutes ces femmes seules qui se retrouvent en effet occupées par leurs très jeunes enfants du matin au soir dans les espaces exigus d’hôtels meublés, cette matinée n’est pas un luxe. « Le bien-fondé de l’association est d’être un lieu de parole et un lieu pour reprendre souffle. Ces femmes ont des vies tellement compliquées. Une des premières choses qu’elles nous demandent c’est du reste une poussette car elles passent leur vie dans les transports », explique une autre bénévole, Claire.

Ce matin, sont également présentes Emmanuelle, l’ancienne responsable du groupe qui a recommencé à travailler mais revient dès qu’elle peut ; Sigolène, une « fidèle » du jeudi ; Simone, 82 ans, venue offrir ses services après avoir entendu une annonce à la fin d’une messe et qui a animé un temps un atelier tricot ; Pascale, infirmière à temps partiel en pédiatrie et ancienne animatrice catéchiste, et Anne-Laure, 42 ans, la deuxième co-responsable du groupe.

C’est dire si les petits ne manquent pas de bras pour les porter ni de câlins pendant que leurs mamans prennent tranquillement un petit-déjeuner, téléphonent à l’une ou l’autre administration, récupèrent des couches et des petits pots -moyennant une petite participation- ou évoquent leur situation avec leur bénévole référente.

Le premier accueil donne d’emblée le ton de la convivialité. « Est-ce que tu veux un petit café ?», demande ainsi Pascale à une nouvelle arrivante.

Apprendre d’autres cultures

Une fois par mois, un repas en commun tente de développer les liens noués à la fois entre bénévoles et personnes accueillies mais surtout entre mamans, au-delà des barrières ethniques. Si la plupart d’entre ces femmes, originaires d’Afrique, apprécient de pouvoir cuisiner leurs spécialités, elles ont aussi demandé à apprendre la cuisine française. « Gym, bricolage, sorties.. nous avons essayé de nombreuses activités, nous tâtonnons. En plus, comme les ateliers prennent du temps sur l’écoute, ils n’ont pas lieu tous les mardis », commente Anne-Laure. Elle qui ne connaissait pas le monde de la précarité, avait à ses débuts un peu de mal à communiquer. Au final, elle avoue avoir beaucoup reçu au contact de ces femmes-courage. « Alors qu’elles affrontent tellement de difficultés, elles ont, explique-t-elle, toujours le sourire, une force. On apprend d’elles, d’autres cultures et puis on relativise notre vie. Cela permet de remettre pas mal de choses à leur place ». Des contacts qui vont au-delà d’une relation aidantes-aidées. « Nous sommes toutes des mamans, c’est facile de se parler. Nous vivons ici de belles rencontres », confirme Claire. Quant à Noémie, elle précise : « Je les dépanne mais on s’auto-conseille ».

Malheureusement, aujourd’hui, la cuisine attenante à la grande salle est réquisitionnée à titre exceptionnel par la paroisse et la permanence doit se terminer à 11h30 au lieu de 12h. Toutes les mamans arrivées en fin de matinée n’auront le temps que de récupérer des paquets de couches et des packs de petits pots. L’une d’elles annonce avec joie qu’elle a enfin reçu ses papiers. Claire lui conseille de se rendre au plus vite chez l’assistante sociale avant les congés d’été. Anne-Laure témoigne : « Il arrive que des mamans reviennent à « Maman-Secours » parce qu’elles ont eu un autre enfant. Pour d’autres nous ne les revoyons pas et nous en sommes contentes car cela signifie qu’elles s’en sont enfin sorties ».

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