Joies et contraintes du caté en rural
Appelée par son évêque Mgr Philippe Gueneley en 2000, lorsqu’elle était jeune célibataire, Sophie Malingre, 42 ans, s’épanouit elle aussi dans sa mission de laïque salariée chargée d’organiser la catéchèse sur un territoire, au sein du diocèse de Langres et de former des catéchistes.
« Animatrice pour enfants, la tranche d’âge des 8-11 ans m’intéresse bien et avec deux filles catéchisées de 6 et 10 ans je suis bien dans le bain », témoigne la jeune femme. Depuis la rentrée, la voilà à 3/4 temps en responsabilité de six paroisses, soit plus de 100 villages. Traverser le nord de la Haute-Marne dans sa largeur pour rencontrer catéchistes, parents et bénévoles des équipes de coordination paroissiale ; pas de problèmes.
Native du département, résidente d’un hameau de 19 habitants et préférant le terrain aux réunions, Sophie souffre moins des kilomètres que d’un certain isolement par rapport à l’évêché (à 50 km !) et à ses collègues des autres secteurs. Mais sur place, assure-t-elle, « on essaie de former une petite famille. Notre petit réseau fonctionne bien, une certaine catégorie de parents est très motivée ».
Ainsi la journée caté-vacances à l’abbaye de Clairvaux initiée pendant les congés scolaires ou la sortie de fin d’année proposée avec une chasse aux trésors dans le cadre de la « Nuit des Églises » suivie d’une messe, d’un verre de l’amitié et d’une veillée de prière.
Baisse des effectifs, recrutement de responsables « compliqué » et concurrence d’autres activités (les auditions de musique le dimanche matin, le sport le samedi après-midi), Sophie rencontre les mêmes difficultés sur son 1/4 temps consacré à l’ACE (Action Catholique des Enfants) dans le Sud Marnais. D’où l’obligation de susciter « toujours de nouvelles initiatives ». Avec, à la clé de temps à autre, de belles surprises comme la confirmation de deux grands jeunes qu’elle a eus en club ACE.
Sa 15ème rentrée de caté, Marie-Andrée Reteux, 51 ans, l’a faite avec enthousiasme malgré les kilomètres à parcourir, la modestie des moyens techniques et, l’hiver, les salles à devoir chauffer avant les séances.
Pour cette alsacienne expatriée -pour suivre son mari militaire- dans un village de Haute-Marne de 450 habitants sans commerces, la vraie ruralité, qui rapproche de la pauvreté évangélique, a ses avantages.
« Comme les groupes sont petits, explique-t-elle, nous avons l’avantage de bien connaître les enfants et puis c’est super de jongler avec les moyens dont on dispose. On a beaucoup de chance car il faut inventer à chaque fois. La richesse, c’est de trouver des solutions ». Le fait d’organiser le catéchisme dans les trois paroisses (61 villages !) plutôt qu’au niveau du doyenné a dynamisé les assemblées.
« Lorsqu’une fois par mois,on vient par exemple à la messe avec 10 parents et 14 enfants après le caté, ça rajeunit l’Église et les enfants voient des pratiquants. On y vit des moments de joie ». Joie également lorsque des parents qui ne pratiquent pas mais ont accompagné leur enfant restent pour la catéchèse des parents et partagent sur des passages d’Évangile avec le prêtre. Joie encore lorsque des enfants, venus seuls de leur école, se font des copains au fil de l’année. « De belles choses se passent, de belles rencontres », commente Marie-Andrée, admiratrice de la motivation des uns et des autres. Animatrice des groupes de sa paroisse et en co-responsabilité sur un autre secteur avec Sabine Vanhoutte, déléguée diocésaine, elle « adore » ce qu’elle fait, là où elle est ; « l’herbe n’est pas plus verte ailleurs »….