Angelo Branduardi
Fiche OFC du mercredi 13 mai 2020 sur Angelo Branduardi Il Cammino Dell’anima (Dall’opera Originale Di Hildegarde Von Bingen), 2019.
Qui se souvient de la chanson d’Angelo Branduardi : « Va où le vent te mène », du début des années 80 ? Peu de monde sans doute ! Ce chanteur est en effet d’une grande discrétion et ne va que rarement sur les plateaux de télévision. Et pourtant il construit année après année une carrière magnifique tout en poésie et musique comme en témoigne une nouvelle oeuvre basée sur des textes et des musiques de Hildegarde de Bingen.
Rappelons que sainte Hildegarde (1098- 1179) est une grande mystique rhénane. En mai 2012, le pape Benoît XVI l’a canonisée et la proclamée docteur de l’Église. Cette femme avait beaucoup de talents en particulier pour la musique. Elle représente pour Angelo Branduardi quelqu’un d’extraordinaire, en dehors des règles du temps.
Angelo Branduardi, artiste italien né en 1950 à Cuggiono dans le Piémont, se définit comme un troubadour. Accompagné de son violon, il apporta beaucoup de fraîcheur au paysage musical français, dans les années 80 à 90, grâce à son art incomparable et ses textes poétiques. Peu soucieux des modes, il offrait alors des créations, des mélodies aux sonorités anciennes qui avaient une saveur toute médiévale et cet auteur compositeur interprète, curieux et irremplaçable, semblait bien être un troubadour égaré dans notre monde.
Violoniste soliste surdoué, formé au conservatoire Niccolò Paganini de Gènes, il en sort, à l’âge de 16 ans, avec un premier prix. La musique d’Angelo Branduardi s’enracine dans un répertoire classique, celui qu’il a appris au conservatoire de Gènes ; il n’y avait pas alors de formation aux musiques plus anciennes et médiévales. Le rôle de son premier professeur, Augusto Silvertri, a été déterminant pour la suite de sa carrière. Ce professeur enseignait en effet selon la méthode en usage en Europe de l’Est, celle qu’utilisaient, par exemple, tous les grands violonistes juifs de Russie. Elle a pour caractéristiques essentielles un vibrato très expressif et, en quelque sorte, une force plus grande que celle de la méthode dite franco-belge. L’art d’Angelo Branduardi violoniste est unique. C’est un compromis de différents courants. Les sonorités sont donc résolument étranges et surprenantes. Branduardi va jusqu’à puiser dans le folklore méditerranéen ou
même yiddish les sources de son inspiration.
Adolescent, il écoutait des artistes très connus. Au début de sa carrière, il s’en est, sinon inspiré, du moins en a subi une certaine influence. On peut citer : Bob Dylan, Elton John, Cat Stevens (pour ses phrases rythmiques), Donovan (pour ses textes). Il s’est beaucoup imprégné des grands chanteurs français comme Georges Brassens dont il connaissait le répertoire par cœur, Jacques Brel, Georges Moustaki et Serge Reggiani.
Angelo Branduardi a toujours voulu être un artiste solitaire et non-conformiste. Loin des influences d’autres groupes de musiciens et chanteurs de la période des années 70-80, son style demeure unique. Alors, pour essayer de classer son style musical, on parlera de « folk-rock d’influence médiévale », mais en réalité, ce qui caractérise surtout Angelo Branduardi, c’est du Angelo Branduardi. Ce chanteur aime, par ailleurs, la musique contemporaine, notamment celle d’Arvo Pärt. Musique qui est un mélange étonnant entre un héritage du passé (grégorien, par exemple) et son adaptation à notre époque.
Les années 2000 seront aussi une étape importante dans la carrière de Branduardi. À la demande de Frères franciscains, il réalise un album sur saint François d’Assise dont il apprécie le message si actuel. Il signera L’infinitamente Piccolo, une œuvre poétique et musicale sous forme de spectacle (suivie en 2007 d’un DVD) dédiée tout entière à saint François d’Assise : La Lauda di Francesco.
La Lauda di Francesco est la suite logique et artistique du projet de l’« infinitamente Piccolo », album publié par la EMI en 2000, dont le concert fut un énorme succès et fut présenté au public des jeunes à Rome, en présence du Pape Jean-Paul II au mois d’août 2000.
Hildegarde disait que « la musique est la plus haute forme d’activité humaine, celle qui reflète le mieux le son ineffable des sphères célestes ». Angelo Branduardi ajoute : « La musique cherche à voir ce qu’il y a de l’autre côté du mur. Je n’ai pas d’extase comme pouvait l’avoir Hildegarde, mais il m’arrive parfois de quitter la terre ferme. » Dans une interview, il aborde la foi avec la belle métaphore de l’autoroute et du chemin escarpé : « Je ne donne pas d’importance à ceux que j’appelle les croyants de l’autoroute. La spiritualité n’est pas une autoroute, elle un chemin compliqué, on tombe, on souffre, on est très heureux, et encore, et puis on s’en va, et on cherche. » À 70 ans, son album sur Hildegarde est une manière de prolonger et de faire partager son chemin spirituel qui n’est pas forcément catholique, mais bien imprégné de culture chrétienne et de spiritualité. Les CD plus anciens d’Angelo Branduardi, comme par exemple « Va où le vent te mène », sont faciles à trouver dans le commerce.
Belle dans la poussière des rails
Laisse tomber l’éventail
Va où le vent te mène
Va où le vent te mène,
Va où le vent te mène, va
Danse la, la vie qui t’aime
Au rythme du monde qui va
Oublie les mots qui t’enchaînent
Va où le vent te mène, va
Au sujet de l’opéra sur Hildegarde, Il Cammino dell’anima, c’est plus compliqué à trouver. On peut écouter de très jolis morceaux sur YouTube. Cette musique est bienfaisante. Elle apaise et elle donne envie de se plonger davantage dans la mystique de sainte Hildegarde de Bingen.
+ Hubert Herbreteau