Rencontre avec Julien Chollat-Namy, délégué général de la Maison du film court, partenaire du festival Kaléidoscope

Organisé par le Service National de la Catéchèse et du Catéchuménat (SNCC), le festival Kaléidoscope aura lieu les 23 et 24 octobre 2009 à Poitiers.

Quelle est la mission de la Maison du film court ?

Portrait Julien Chollat-Namy

La Maison du film court est une structure associative qui propose une plate-forme d’aides à la production cinématographique. Elle est un espace d’échange entre les professionnels du cinéma : comédien, technicien, auteur, producteur, réalisateur, compositeur. Nous répondons à toutes les sollicitations, avec sincérité quant à la réalité du secteur, qui est sélectif et brutal. Nous refusons d’être un miroir aux alouettes !
 

Comment avez-vous réagi au projet Kaléidoscope ?

Nous avons répondu très positivement à ce projet ! Nous soutenons la manifestation en relayant les informations auprès des professionnels du film et pour convoquer le public. Je trouve très singulier que la Conférence des évêques de France se préoccupe de cette forme d’expression cinématographique qui est encore très fragile !
 

Y a-t-il un phénomène du film court ?

C’est sans nul doute un format qui se développe ! Le Centre National de la Cinématographie (CNC) se base sur le nombre de visas d’exploitations délivrés. En 2007, sur 1087 films qui en ont obtenu un, 422 sont des films courts. En même temps, le festival international de court métrage de Clermont-Ferrand reçoit en compétition chaque année entre 1200 et 1400 courts métrages français de fiction, produits dans l’année !
 

Qu’est-ce qui explique cette profusion ?

Les nouveaux moyens techniques participent à l’explosion du film court. Il y a aussi de plus en plus de festivals et d’espaces de projection (médiathèques, bars, salles de spectacles vivants). En revanche, Internet, c’est un peu l’arlésienne. Il n’y a pas de création spécifique comme dans le domaine de la musique. L’engouement pour le court métrage vient aussi d’un travail de longue haleine d’éducation à l’image. C’est un outil essentiel dans le cadre d’actions pédagogiques. Les spectateurs se forgent un regard par rapport aux flux d’images dont on nous abreuve.
 

Qu’est-ce qui pousse un réalisateur à choisir le format court ?

L’histoire du cinéma d’abord ! Pendant près de vingt ans, le court métrage a été quasiment le seul moyen d’expression du cinéma. Et puis il existe sans se préoccuper du nombre de spectateurs : c’est un espace de liberté et de création à part entière. La faiblesse des montages économiques en fait ensuite un merveilleux terrain d’apprentissage, qui renouvelle les narrations. Le désir du court métrage n’a rien à voir avec la fabrique d’une carte de visite pour le long. Mais personne ne peut l’envisager comme une activité économiquement viable. Des réalisateurs très connus alternent toute leur vie entre le court et le long métrage : le cinéaste a besoin de tourner, c’est vital ! L’économie des moyens comme celle des mots renvoie à la nécessité d’un travail d’orfèvre. La forme courte tend à la poésie et à la beauté.

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