Pour des changements profonds à la mesure des enjeux de la crise agricole

cmr_logoÀ l’heure où la crise agricole est au centre de l’attention médiatique, le CMR souhaite porter une voix nourrie par les réalités diverses et complexes du rural qui façonnent son identité. Au milieu de discours purement économiques et de propositions de remèdes superficiels, nous appelons tous les citoyens à se mobiliser pour penser et mettre en œuvre de profonds changements des rapports économiques et sociaux permettant de stopper la destruction du métier de paysan et de préserver les terres qui nous nourrissent.

Le fonctionnement de notre système agricole et économique actuel est fondé sur un principe de dérégulation qui engendre un appauvrissement du tissu rural et humain, et porte atteinte aux valeurs de la pensée sociale de l’Église qui nous réunissent.

Ce que nous proposons :

Bâtir ensemble une éthique pour une culture agricole et rurale soucieuse de la gestion du milieu vivant pour le bien de l’humanité, dans le respect du bien commun, de sa richesse et sa diversité

Nous partageons les orientations de l’encyclique Laudato Si’ en vue d’une société socialement équitable, attentive à la dignité de tous et respectueuse de la terre, «notre maison commune». Répondre à son appel implique un changement de cap, dans lequel l’agriculture et le monde rural ont un rôle fondamental à jouer.

Pour cela, le CMR en appelle à la responsabilité :

Des consommatrices et consommateurs que nous sommes tous, pour nous interroger sur les conséquences de nos façons de consommer sur les producteurs d’ici, d’ailleurs, et sur la nature.

Des agricultrices et agriculteurs pour s’interroger sur les conséquences de leurs façons de produire, de valoriser et de vendre, sur eux-mêmes, les autres et la nature.

Des organisations agricoles et para-agricoles pour mettre en place des moyens humains pour accompagner les agriculteurs dans le changement de leurs pratiques culturales.

Des organisations coopératives en particulier, pour retrouver le sens de la solidarité qui les a fait naître, redonner une vraie place aux producteurs, et les soutenir dans le développement de nouvelles formes de coopération leur permettant de se réapproprier leur outil de travail et de retrouver de l’autonomie dans leurs choix.

Des transformateurs et distributeurs pour rendre à leurs fournisseurs la part de la valeur ajoutée qui leur revient (prix juste).

Des pouvoirs publics pour assumer le rôle de régulateur garant du bien commun qui leur incombe, notamment par la mise en place d’outils d’ajustement de la production permettant une juste rémunération des producteurs, une politique foncière basée sur le reconnaissance du sol comme bien commun, un soutien à l’installation des jeunes et une fiscalité favorisant l’emploi plutôt que la capitalisation des biens, un soutien à une commercialisation en circuits courts favorable à la viabilité du territoire.

De la société civile qui a un rôle à jouer pour inciter et soutenir les pouvoirs publics à agir en ce sens et expérimenter de nouveaux systèmes de production, de transformation et de commercialisation à taille humaine, soucieux d’offrir des conditions de travail dignes et épanouissantes à ceux qui en vivent, de faire alliance avec la nature plutôt que de l’exploiter, de contribuer au vivre-ensemble de chacun-e sur le territoire.

De l’Église qui peut être moteur de la « conversion écologique » souhaitée par le Pape François. Le CMR se réjouit de la venue d’une délégation des évêques de France au Salon l’agriculture lundi qui témoigne d’un souci pour les difficultés vécues par les agriculteurs. Ce premier pas symbolique doit maintenant se traduire sur le terrain de leurs divers diocèses.

 

Le CMR (Chrétiens dans le Monde Rural) a pour but de promouvoir le vivre ensemble, la fraternité et les solidarités en rural au travers d’une vie d’équipe et de rencontres ponctuelles en vue de contribuer à la transformation de la société. Issu du catholicisme social et des mouvements humanistes, il propose: une spiritualité de la solidarité et de la fraternité, des lieux d’échanges, de formation, de partage avec une approche éducation populaire et un encouragement à participer avec d’autres, à des actions pour le développement de tous. Fondé par la JAC en 1939, le mouvement compte 10000 membres répartis en 900 équipes de base et 84 fédérations départementales animées par des bénévoles et 30 salariés locaux. A l’image de l’évolution des territoires ruraux, le CMR n’est plus majoritairement composé d’agriculteurs. Toutefois, il  demeure un des rares lieux où ils peuvent échanger entre eux et avec des non agriculteurs sur l’évolution et les difficultés de leur profession. La rencontre au sein des équipes locales d’habitants du monde rural issus ou non du milieu agricole permet de développer une analyse spécifique de la question agricole, s’enrichissant de l’approche de non-agriculteurs.

 

Contact Presse : Estelle Hervé – eherve@cmr.cef.fr – 01 69 73 25 29 – 06 71 80 29 21

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