Elections 2002: garder la tête froide.

La politique est un domaine dans lequel les croyants – a fortiori ceux qui ne le sont pas – détestent recevoir du clergé ce qui pourrait ressembler à des consignes. Certaines circonstances peuvent provoquer cependant les responsables de l’Église à proposer un éclairage.1. Je me suis exprimé dans un récent éditorial de Foi et Vie sur la dignité de l’action politique et ses enjeux pour notre vie quotidienne, individuelle et collective, pour l’immédiat et le long terme, y compris dans ses dimensions spirituelles. Que l’on m’excuse de mettre les points sur les i : il fallait comprendre que l’abstention, sauf impossibilité majeure évidemment, est une faute.

2. Il est permis de se sentir démuni devant les choix que comporte par définition l’exercice du devoir électoral. On peut tout de même essayer d’éclairer sa conscience ! Les programmes des candidats et leurs discours ne disent sans doute pas tout, mais ils disent quand même quelque chose.

Nous ne sommes pas démunis de possibilités de réfléchir. Nous ne saurions notamment perdre de vue que la défense de la démocratie demeure toujours un élément primordial de discernement, que ce soit au moment de voter ou plus largement dans toute action politique.

3. Devant les mutations de la vie en société, les divergences d’analyse et de propositions sont légitimes. Mais on voit mal que l’on puisse faire aujourd’hui une politique qui n’affirme pas au premier rang de ses points de repère un crédit indiscutable des droits de l’homme, la dignité de la personne humaine quelle que soit son origine, le devoir de secourir le pauvre et l’étranger, la nécessité de vivre la citoyenneté tout à la fois au plan de la nation, de l’Europe et du monde ? Tout cela évidemment, pour un catholique, en fonction des exigences que manifestent l’Évangile et l’enseignement de l’Église. Et sans oublier ces autres objectifs que sont le soutien de la famille et l’accueil des jeunes dans la vie active.

4. Ne faut-il pas de toutes façons éviter de se laisser emporter par des réactions affectives, des sentiments spontanés et des peurs même légitimes ?

Je fais mienne la conclusion du message que le Président de la Conférence des Évêques de France a rendu public dès le lendemain du premier tour de cette élection présidentielle :  » Dans la période qui s’ouvre, nous devons tous faire appel à l’intelligence plutôt qu’à l’instinct, au discernement plutôt qu’à la seule spontanéité, à la sérénité plutôt qu’à la peur « . Autrement dit s’il importe d’avoir le cœur chaud il faut plus que jamais garder la tête froide.

Emile Marcus
Archevêque de Toulouse