Mgr Simon :  » La société civile ne doit pas attendre que les États s’engagent  »

Comment interpréter l’implication des chrétiens en faveur de l’Europe ?

L’Église est universelle. L’engagement des chrétiens pour l’Europe fait partie de leur responsabilité à l’égard de la famille humaine. Les chrétiens n’ont pas vocation à se prononcer directement sur les modèles politiques ou économiques, mais ils doivent s’engager pour le bien commun de l’humanité.
Nous nous inscrivons avec la doctrine sociale de l’Église dans la perspective de la paix. Comment l’Europe peut-elle être facteur de paix dans le monde tel qu’il est aujourd’hui ? Comment pouvons-nous porter le souci des nouvelles générations, d’un développement durable qui respecte la création ?
J’ai la conviction que les associations, les mouvements précèdent les États. Si on regarde l’histoire, on voit que des acteurs de la société civile, catholiques ou non, ont œuvré en faveur de la paix en Europe. La société civile ne doit pas attendre que les États s’engagent.
 

Simon Hippolyte - Clermont

Ancien délégué de la Conférence des évêques de France à la COMECE (Commission des Episcopats de la Communauté Européenne), Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont, interviendra lors de la rencontre « Ensemble pour l’Europe », le 16 mai 2009. Propos recueillis par Stéphane Laforge.
 

Pourquoi estimez-vous que l’Union européenne est « une aventure spirituelle »* ?

Avant d’être une construction économique ou culturelle, l’Europe repose sur une double démarche de pardon et de réconciliation : la réconciliation franco-allemande, germano-polonaise.
Par ailleurs, après guerre, la production de charbon et d’acier de six pays** (Allemagne, France, Italie, Pays-Bas, Belgique et Luxembourg) est mise en commun et placée sous la coupe d’une haute autorité. Cette initiative – alors que l’acier et le charbon relèvent du domaine économique et sont employés dans la fabrication des armes- signifie ainsi le renoncement à la perspective de vengeance militaire. Elle témoigne d’une volonté de travailler à la paix. Choisir cette voie est un acte spirituel, même si ce mot n’est pas à prendre au sens confessionnel. Il témoigne de la volonté de se reconnaître comme membres de la même famille et comme ayant une responsabilité commune.

* Les catholiques et l’Europe, Commission des épiscopats de la communauté européenne, Éd. Bayard, p. 18
** Signé en 1951, le Traité de Paris institue la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) pour une durée de 50 ans. Il fait suite à la proposition adressée par Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères à l’Allemagne, entre autres.

Aujourd’hui, ne manque-t-il pas une parole forte, comme a pu l’être la déclaration de Robert Schuman en 1950, pour mobiliser plus largement sur la question de l’Europe?

Le discours de Schuman est fondateur et ses paroles ont eu une véritable fécondité, mais cela apparaît après coup. Aujourd’hui nous ne savons pas ce qui est en train de se passer. Certaines décisions passent sans doute inaperçues pour l’instant, mais peuvent avoir une fécondité visible dans quelques années
L’intégration européenne se fait à la vitesse de sédimentation des océans. Il est nécessaire de prendre du recul et de ne pas regarder les choses sur un plan immédiat. Depuis longtemps l’Europe est traversée par des crises. Pourtant les choses ont avancé. Il n’y a pas de recette magique, on ne peut pas mobiliser en permanence alors qu’il s’agit de réalisations qui se vivent au quotidien.

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