Dérives sectaires | Documents épiscopat
Accompagner et aider dans leur reconstruction ceux et celles qui ont été victimes de dérives sectaires, lorsque c’est encore possible, demeure le principal souci de la Cellule nouvellement créée au sein de l’Église catholique en France. Pour fonder cette démarche, un regard psychologique et une clarification des dysfonctionnements communautaires s’avèrent indispensables afin de proposer des points de repères.
Édito de Mgr Alain Planet
La Cellule pour les dérives sectaires au sein de l’Église catholique est née en réponse à « l’appel de Lourdes » adressé aux évêques de France, le 25 octobre 2013 par une quarantaine de victimes d’abus au sein de communautés se réclamant de l’Église. Le président de la Conférence épiscopale y a répondu à l’issue de l’Assemblée plénière [1] : « Nous pensons à celles et ceux qui sont blessés, parfois de manière durable, par le comportement de certains membres de notre Église […]. Vous assurer de notre prière pour eux ne suffit pas, nous voulons porter avec eux leur souffrance, leur assurer notre compassion, les aider dans leur reconstruction. »
La question des dérives sectaires était alors suivie par une instance qui devait se préoccuper également de la pastorale des nouvelles croyances et des dérives sectaires dans la société. La présidence de la Conférence épiscopale a souhaité, devant l’importance des questions soulevées, créer une cellule qui se consacrerait exclusivement aux dérives sectaires au sein de l’Église catholique en France. Installée le 16 novembre 2015, elle s’est mise au travail selon la feuille de route tracée par la Présidence : accueillir et traiter les signalements de dérives, avertir les autorités compétentes pour qu’elles agissent selon la justice, entendre et accompagner les victimes, les aider à trouver les moyens de se reconstruire y compris en allant devant les tribunaux compétents.
La Cellule a pour premier souci de rester en contact avec les principales associations de victimes et la MIVILUDES [2] et d’établir un véritable partenariat, de différentes formes, en fonction d’objectifs communs. La cellule a reçu de nombreux signalements et plusieurs affaires ont pu être traitées par les autorités compétentes (ordinaires, congrégations romaines, instances de la CEF). Des victimes ont été accompagnées et soutenues dans leur démarche de reconstruction. Diverses informations ont pu être données et des mises en garde ont été émises sur des personnes ou des groupes déviants.
Nos rencontres avec diverses communautés de l’Église catholique nous font partager leurs questions, leurs attentes et même leurs découragements. Nous mesurons ainsi pleinement toutes les attentes des victimes des dérives sectaires et des abus d’autorité dans ces communautés et nous comprenons leur impatience à voir prises des mesures efficaces. C’est aussi en pensant à elles que nous avons rédigé ces contributions.
Nous savons que, jusqu’au jour où le Seigneur viendra, nous serons confrontés aux douleurs qu’engendrent le péché et les imperfections de notre nature. Mais nous croyons que la seule réponse au mal est de le combattre et nous espérons que notre faible contribution aidera à mener ce combat en l’éclairant.
Par Mgr Alain Planet,
évêque de Carcassonne et Narbonne,
Responsable de la cellule pour les dérives sectaires dans des communautés catholiques
[1] Discours de clôture de Mgr Georges Pontier du 7 novembre 2013.
[2] Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.