Eclairage de Mgr Ginoux sur la Toussaint, 2007

Toussaint une grande fête de l’espérance

Si chaque 1er novembre nous célébrons la Toussaint c’est que nous reconnaissons avec toute l’Eglise que beaucoup de nos défunts sont parvenus à la gloire de Dieu : même s’ils ne sont pas encore « ressuscités d’entre les morts », ils voient le Dieu trinité face à face. La Toussaint est donc pour nous une grande fête de l’espérance, elle nous invite à regarder en avant, vers l’unique but à atteindre : être saint.Le pape Jean-Paul II aux JMJ de Compostelle en 1989 s’adressant aux jeunes leur disait : « N’ayez pas peur d’être de saints ! » Cette exhortation tout autant vaut pour chacun de nous. Il est bon de nous le redire en ce jour où nous contemplons les « bénis du Père » (saint Matthieu 25, 34) parce qu’ils ont été les amis de Jésus, parce qu’ils ont accueilli son amour miséricordieux, parce qu’ils ont témoigné de lui à travers leur vie et parfois jusqu’au martyre.

Souvent, pour nous faire pardonner, nous nous excusons en répétant « nous ne sommes pas des saints » et c’est vrai. Or, la première attitude pour avancer sur le chemin que le Seigneur nous ouvre est de se reconnaître pécheur. A l’exception de la Vierge Marie tous les saints reconnus (béatifiés ou canonisés) ou anonymes (ceux du 1er novembre) ont été des pécheurs mais pécheurs ils ont accueilli le pardon, la miséricorde divine. Les exemples ne manquent pas : l’apôtre Pierre, François d’Assise, Charles de Foucauld, et bien d’autres « convertis » sans compter tous ceux qui sont les pécheurs « ordinaires ». Ce qui fait leur sainteté c’est la foi inconditionnelle à l’image de celle du centurion de l’Évangile : « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri » (saint Matthieu 8, 8).

Être saint n’arrivera qu’après notre vie sur la terre, une vie où, à un moment ou à un autre, parfois au dernier moment, j’accepte de reconnaître que j’ai péché non pas pour en être désespéré mais pour me laisser sauver par le Christ.

A travers l’évangile des Béatitudes que nous proclamons le jour de la Toussaint nous avons le chemin pour aller vers la sainteté. Ce chemin est le seul qui nous permette d’accomplir notre destinée d’enfants de Dieu : les enfants sont appelés à être dans la Maison du Père. Telle est notre espérance et nous ne pouvons laisser perdre la vie que, par le baptême, nous avons reçue : la vie éternelle. Pour être tous saints, il suffit de répondre à notre vocation chrétienne en aimant Dieu par-dessus tout et notre prochain comme nous-même. Se savoir aimé du Père, vivre du Christ, raviver sans cesse par la prière et les sacrements les dons de l’Esprit Saint nous prépare à entrer, lorsque viendra l’heure, dans la lumière divine pour y attendre la résurrection finale.

La fête de la Toussaint est notre fête car elle annonce ce que nous deviendrons si nous restons fidèles, si nous gardons un « cœur de pauvre » qui se laisse façonner par le Christ et si nous croyons que nous sommes tous concernés. Il n’est pas question de réaliser des exploits (l’Eglise nous présente heureusement des saints « ordinaires ») mais de se conformer à la Parole de Dieu, dans la fidélité à l’Eglise et l’acceptation du quotidien de notre vie « quoi que vous fassiez, faites le au nom du Seigneur ! » (Ephésiens 3, 17) écrit saint Paul. Tout engagement, toute responsabilité, toute participation à la vie de l’Eglise n’a de sens que dans cet esprit : former un peuple qui appartient à Dieu pour qu’il soit signe pour le monde. Le concile Vatican II a rappelé avec insistance que nous sommes tous appelés à être saints. N’ayons pas peur de la sainteté, elle est la plénitude de notre humanité.

Mgr  Bernard Ginoux.
Évêque de Montauban
Novembre 2007

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