Eclairage de Mgr André Dupleix, Novembre 2008

Béatitudes de la Toussaint

dupleix

La célébration de la Toussaint nous donne l’occasion d’entendre chaque année, dans l’évangile selon saint Mathieu, les béatitudes proclamées par Jésus au début du sermon sur la montagne. Les premiers disciples viennent d’être appelés et cet enseignement inaugural concentre, en quelques phrases, la quintessence du message évangélique.

Comment pouvons-nous faire comprendre, aujourd’hui, dans un monde dont nous constatons les crises à tout niveau, que certaines valeurs fondamentales, caractéristiques du christianisme, peuvent ouvrir une autre voie que celle du profit, de l’égoïsme ou de la violence ? Des valeurs qui, parce qu’elles trouvent leur source en Dieu, constituent le fondement même de ce que nous appelons la sainteté ?

Circulant souvent, comme vous, dans la foule – évoquant à sa manière la foule dont parle l’évangéliste – je ne puis éviter de m’interroger : que dire à tous ces gens des Béatitudes ? Qu’en savent-ils ? Et si l’on questionnait jeunes ou adultes sur la Toussaint, que répondraient-ils spontanément ? A l’extérieur des églises où se rassemble, pour les célébrations liturgiques, un petit peuple de gens convaincus, quelle est réellement la portée du message que nous transmettons ? Un message de plus en plus noyé, voire étouffé, dans une société qui se donne d’autres repères et d’autres raisons de vivre.

Et pourtant, la pauvreté de cœur, la douceur, la soif de justice, la miséricorde, la paix, ne sont-elles pas, par la force de l’amour qui les rassemble, un appel à mieux vivre et à donner un sens à notre existence ?

Je reconnais qu’il y a là beaucoup de points d’interrogation. Nous devons en tenir compte sans qu’ils ne déstabilisent pour autant les affirmations et les convictions de notre foi. Bien au contraire, le message des Béatitudes qui, j’en suis sûr, n’a jamais été aussi pertinent qu’aujourd’hui, nous mobilise d’autant plus et fait de nous des témoins courageux, des veilleurs, des appelants…

Et puis, à quelques jours à peine des multiples hommages rendus à sœur Emmanuelle, les paroles du Christ ne révèlent-elles pas ce qui a permis à cette femme de répandre autour d’elle tant d’amour et de paix, au nom du Dieu qui l’avait saisie ? Une occasion, parmi d’autres, de faire entendre concrètement ce qu’est, dans la vie de tous les jours, la sainteté

Mgr André Dupleix, secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France
Billet paru dans le Courrier Français, novembre 2008