« Noël de crise » par Mgr de Kerimel

de Kérimel Guy - Grenoble Vienne

La crise que nous traversons depuis quelques années est multiple : écologique, alimentaire, financière, économique, politique, morale, spirituelle. Tout semble en crise, ce qui signifie, si l’on prend le mot crise dans son sens étymologique, que tout est en jugement : les dysfonctionnements sont mis en lumière et nous appellent à revoir nos critères. La crise en effet dénonce les défauts de notre système, dont les principaux sont la perte de sens, l’oubli de la primauté de la personne humaine dans le respect de sa dignité, et la forte régression de la notion de bien commun. Des riches s’enrichissent toujours plus et mettent leurs biens à l’abri, des pauvres s’appauvrissent davantage et sont jetés à la rue par le système. L’instabilité et la précarité gagnent du terrain. La peur du lendemain et la peur de l’autre suscitent des réflexes de violence, et de repli sur soi. La tentation du « chacun-pour-soi » est forte non seulement entre individus, mais entre pays, y compris dans la gestion des flux migratoires.

Que devient Noël dans ce contexte ? Pour les chrétiens, Noël est la naissance d’un enfant, dans des conditions précaires ; un enfant pauvre, accueilli par des pauvres et des chercheurs de sens étrangers, dans lequel nous reconnaissons le Fils de Dieu. Humble signe d’espérance au cœur d’un monde en crise, Il a ouvert à ceux qui L’ont suivi un chemin d’avenir. Désormais, en Lui, ce sont les plus petits qui sont la mesure de nos sociétés.
Noël est toujours un Noël de crise, une lumière dans la nuit, une source en terre aride, une paix intérieure plus forte que la peur, un peu de chaleur humaine dans un monde d’indifférence, une soupe chaude pour ceux qui dorment dans la rue. En effet, Noël ouvre à l’espérance d’un monde meilleur.

Bon nombre de nos concitoyens, croyants ou non, s’engagent, souvent par le biais d’associations, au service des personnes en précarité, migrants, chômeurs, personnes âgées et solitaires, malades et autres. Beaucoup donnent de leurs biens et de leur personne pour que l’autre (notre frère, notre sœur) existe et espère. En osant la relation à l’autre, le partage et le don de soi, en dénonçant les indifférences, en combattant les injustices, ils œuvrent pour l’avenir de notre monde.

Non, la lumière de Noël n’est pas prête de s’éteindre, tant que dans nos sociétés, des hommes et des femmes se lèveront pour se mettre au service des personnes blessées par les crises de notre monde. L’ampleur de la crise actuelle est un appel urgent : levons-nous pour que vive Noël !

Guy de Kerimel
Évêque de Grenoble-Vienne

 

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