« Re-visiter notre baptême  » par Mgr Ginoux

Mgr Bernard Ginoux

Le 22 février, le mercredi des Cendres ouvre le temps du Carême. Quarante jours pour préparer nos cœurs au moment essentiel de la vie chrétienne : la mort et la résurrection de Jésus, l’évènement pascal. Or, précisément, la première signification du Carême est d’être un temps liturgique en lien étroit avec Pâques.

Quand nous parlons du Carême viennent spontanément à notre esprit les mots de privations, partage, souci des plus pauvres. Ce n’est pas faux mais nous sommes dans l’ordre du « faire » et non pas de « l’être » et nous oublions le sens premier de ce temps : l’ultime préparation au baptême des catéchumènes. Nous avons chacun et tous ensemble à reprendre cet itinéraire .

Le Carême et la liturgie du baptême
La constitution sur la Sainte liturgie (Sacrosanctum Concilium) aux numéros 109 et 110 précise ce qu’il en est du Carême : « Le double caractère du temps du Carême, à savoir que, surtout par la commémoration ou la préparation du baptême et par la pénitence, il invite plus instamment les fidèles à écouter la Parole de Dieu et à vaquer à la prière, et les dispose ainsi à célébrer le mystère pascal, ce double caractère, aussi bien dans la liturgie que dans la catéchèse liturgique, sera mis plus pleinement en lumière. »

Le texte continue pour indiquer deux orientations à mettre en valeur durant ce temps. D’abord, faire ressortir les « éléments baptismaux » de la liturgie. On peut aisément les relier à l’itinéraire catéchuménal même si, dans la paroisse, il n’y a pas de catéchumène. Cet itinéraire peut être repris pour tous : il est vrai que nous sommes baptisés mais nous avons toujours à devenir chrétiens. La nuit de Pâques, nous renouvelons solennellement notre profession de foi et, donc, les promesses de notre baptême. Pendant le Carême nous avons à nous disposer le cœur pour ce renouvellement : aujourd’hui on dirait volontiers que le Carême est un temps donné pour « re-visiter » notre baptême et notre vie sacramentelle. Le premier dimanche est celui de l’appel décisif des catéchumènes qui depuis des mois sont entrés dans ce cheminement. L’évangile, s’il est toujours celui de la tentation de Jésus au désert, est pris, cette année B, chez saint Marc qui dit simplement que Jésus a été tenté par Satan au désert. Nous aussi, pouvons prendre conscience de notre propre situation face à la puissance de Satan et de l’appel du Seigneur exprimé à l’imposition des cendres : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Jusqu’à Pâques le catéchumène va vivre les rites pour être fortifié dans le Seigneur. Les « scrutins » (origine : fouiller, faire sortir) sont les appels à suivre le Christ à travers le combat spirituel, les résistances à la conversion et s’appuient sur trois évangiles : la Samaritaine, l’aveugle-né, la résurrection de Lazare. Ensuite le rite de la « redditio » (la remise) du symbole de la foi rappelle que le Credo est fait pour être proclamé et transmis. « Effata » dit le célébrant en reprenant le geste de Jésus dans l’évangile parce que le chrétien entend la Parole de Dieu et la proclame.

L’onction d’huile des catéchumènes signifie que la force du Christ agit dans la faiblesse et qu’elle triomphe du mal. Alors le catéchumène, la nuit de Pâques, peut « renaître de l’eau et de l’Esprit ».

Le Carême et la pénitence
La Constitution sur la liturgie donne en deuxième point à propos du Carême l’invitation à approfondir la catéchèse sur le péché comme offense à Dieu mais aussi dans ses conséquences sociales. La pratique de la pénitence est liée au baptême. Le baptême est le sacrement fondamental du pardon des péchés, il est « la première pénitence ». Mais il n’est célébré qu’une fois. Or, les baptisés que nous sommes connaissent le péché sans cesse et nous avons besoin du sacrement de la réconciliation. Le concile Vatican II n’a pas supprimé le sacrement de la réconciliation, il a voulu, au contraire, que nous en retrouvions la nécessité et la grandeur parce qu’il renouvelle en nous la grâce du baptême. Il ne faut pas s’étonner de voir que la vie dans le Christ s’étiole quand on ne se confesse plus : la vie nouvelle dans le Christ ne passe plus en nous.

Le temps du Carême est donc un temps de grâce pour redécouvrir la liturgie baptismale et pour la déployer dans nos célébrations. Dans le même temps, nous retrouvons le chemin de la réconciliation car ce sacrement est, comme le rappelle le Concile, lié au baptême et à l’eucharistie à laquelle il prépare. Chaque année, le Carême et Pâques sont un pèlerinage à la source baptismale de notre vie chrétienne : c’est une re-naissance.

Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban

 

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