Homélie du dimanche 21 juin
L’évangile de ce dimanche, la tempête apaisée, ne peut se comprendre dans toute sa richesse et sans qu’il ne soit qu’une anecdote, qu’en le lisant à la lumière de la lettre de Saint Paul aux Corinthiens : » Si quelqu’un est en Jésus-Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. »
VERS L’AUTRE RIVE
L’embarquement est dû à l’initiative de Jésus qui décide de se déplacer en empruntant la barque de ses amis, des pêcheurs professionnels
Dans l’évangile de Marc, Jésus donne même un ordre, « Passons sur l’autre rive » (Mc 4, 35), sans que l’on comprenne la raison d’une telle urgence, tandis que dans l’évangile de Matthieu, le récit précise que le départ est dû à la présence de « foules nombreuses » (Mt 8, 18).
Après que soit calmée la tempête, Jésus et ses disciples doivent en effet arriver au pays des Gadaréniens » (Mt 8, 28) ou des « Géraséniens » (Mc 5,1 ; Lc 8, 26), autrement dit dans une région païenne de la Décapole.
Le Christ nous invite à chercher un paysage nouveau : «Passons sur l’autre rive»! « Abandonnons un territoire familier pour nous diriger vers des endroits que nous ne connaissons pas, ou qui ne nous sont pas habituels.
Nous avons à vivre au milieu d’un monde qui ne partage pas notre foi et qui peut nous blesser dans nos convictions. Il nous demande de nous y rendre même s’il nous est étranger, Mais nous n’y serons pas seuls, nous avons à nous y rendre avec le Christ.
Et à y vivre en partageant la vie de ces frères lointains et si proches dans le même temps, dans l’amour que Dieu leur porte. Un amour qui nous poursuit comme il les poursuit.
IL DORMAIT
Que fait Jésus pendant ce temps de la traversée ? Il profite d’un moment de répit pour se reposer et dormir. Mais il n’est pas absent. Sa pensée est sur nous au travers de son Incarnation et cela esi à prendre en compte.
Quand nous méditons ces mystères de notre existence, nous avons à nous en approcher et la transcrire dans la nôtre, à partir de la personnalité de Jésus,. Il est pleinement homme, sauf le péché, avec les limites et les besoins des hommes.
Après une journée de prédication, le soir est venu et Jésus veut s’éloigner de la foule. Fatigué, il cherche un peu de repos. Il dort sur le coussin à l’arrière. Les vagues qui le secouent et la tempête qui survient, ne réussissent pas à le réveiller tellement il dort profondément.
Ce sont ses disciples qui doivent lui crier dans les oreilles. Il se réveille.
Pour nous aussi le silence de Dieu n’est ni un abandon ni un rejet mais un mystère qui conduit à contempler le Christ pour nous laisser transformer par Lui
NOUS PÉRISSONS
Depuis toujours, la tradition chrétienne a vu dans cette barque ballottée par la tempête, une image de l’Église. Lorsque Marc écrivait son évangile, Pierre sans doute avait été martyrisé et la persécution avait décimé la jeune communauté romaine. Le « passons sur l’autre rive prenait sens.
Malgré la tempête, l’Église doit vivre et grandir dans ce monde païen et non plus seulement dans une communauté judéo-chrétienne tranquillisante. Siècle après siècle, elle se trouve et se retrouve dans la tourmente.
« Cela ne te fait rien ? » C’est plus qu’une question. C’est un reproche qu’ils adressent Jésus dort pendant que les disciples sont en danger.
Nous aussi nous doutons lorsque dans notre existence personnelle comme dans la réalité ecclésiale, les circonstances sont trop dures et que Dieu nous envoie l’insupportable.
Le silence de Dieu n’est qu’apparent. et ne peut nous faire oublier l’amour qui nous révélera, en fait, sa personnalité humano-divine en Jésus.
QUI DONC EST-IL
Il faudra trois années d’enseignement, d’événements, de miracles pour qu’ils reconnaissent dans le fils du charpentier, le messie et progressivement sa divinité.
L »évangile nous dit aussi que cette divinité de Jésus a été reconnue par le soldat romain qui est de garde auprès de la croix, après avoir, peut-être, fait souffrir ce condamné avec ses camarades, le flageller, le couvrir de la couronne d’épines.
Les souffrances qu’il a entendues par les autres soldats ou qu’il a vu supportées pendant 24 heures, par ce crucifié qu’il doit garder au Calvaire lui font reconnaître la véritable personnalité : ‘ C’est un innocent. » (Luc 23/47)
Mais revenons à la tempête apaisée. Jésus agit comme Dieu lui-même. Il est maître du vent et de la mer. Il leur commande : « Silence ». La puissance divine se manifeste en lui.
Il faudra aux apôtres vivre jusqu’aux dernières heures de sa présence pour retenir ce que trois années ne leur ont pas encore révélé : » Moi et le Père, nous sommes Un. Tout ce qui est à Lui est à Moi.
Et pourtant, quelques-uns d’entre eux, disciples de Jean-Baptiste, avaient entendu au baptême de Jésus cette voix que le Baptiste leur a traduit : « Tu es mon Fils bien-aimé. En toi j’ai mis ma joie et ma complaisance ».
LES ÉTAPES D’UNE DÉCOUVERTE
Nous sommes comme Pierre . Les étapes de nos découvertes sont une lecture difficile, toujours nouvelle et renouvelée par une vie méditative.
Saint Augustin qui disait des apôtres « Ils ont connu l’homme, il ont cru le Dieu en lui ».
« Pour vous qui suis-je ? » L’apôtre Pierre le confessera au nom de tous en disant à Jésus « Tu es le Christ Sauveur, le Fils du Dieu vivant ». Et Jésus lui répondra « Ce n’est pas la chair et le sang qui te font dire cela, mais mon Père qui est dans les cieux. »
Pour le connaître vraiment « il est nécessaire de faire le chemin qu’a suivi Jésus. (Marc 8/31)
« La question à Pierre — Mais pour vous, qui suis-je ? — ne se comprend qu’au cours d’une route, après une longue route. Une route de grâce et de péché ». Telle est « la route du disciple ». En effet, « Jésus n’a pas dit à Pierre et à ses apôtres : connais-moi ! Il a dit : suis-moi ! ».
Et précisément « ce suivre Jésus nous fait connaître Jésus. Suivre Jésus avec nos vertus » et « aussi avec nos péchés. Mais suivre toujours Jésus ! ».(Pape François – 20 février 2014)
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Le thème central de la tempête apaisée est celui de la foi. Malgré les circonstances défavorables, c’est cela dont nous avons à rendre témoignage : » « Tu es le Fils de Dieu ».