Au Liban, les communautés religieuses portent à bout de bras la population
Mgr César Essayan, vicaire apostolique de Beyrouth pour les catholiques de rite latin du Liban et Sœur Marie-Antoinette, Supérieure générale de la congrégation des sœurs maronites au Liban ont témoigné de la situation et du rôle des congrégations et des églises auprès de la population libanaise, qui traverse des heures difficiles. Les religieux et religieuses, très représentées dans les institutions scolaires, hospitalières, arrivent, elles aussi, à bout de souffle. Épuisées, elles lancent un cri du cœur.
Le Liban traverse une crise sans précédent depuis plusieurs mois. De par sa situation politique, économique, sociale et désormais parlementaire, car le pays est sans gouvernement ni président. « Nous vivons dans une situation chaotique à tous les niveaux. Au niveau socio-économique c’est un drame sans fin. Nous constatons une dévaluation de la livre libanaise, le dollar peut passer de 110 000 livres libanaises à 140 000 livres libanaises, mettant la population libanaise dans une situation difficile », soulève Mgr César Essayan, vicaire apostolique de Beyrouth pour les catholiques de rite latin du Liban.
« Aujourd’hui plus de 90% de la population libanaise vit en dessous du seuil de la pauvreté ». Instabilité politique, hausse du coût de la vie entraine, selon Mgr Essayan, des drames humains importants comme les traites des personnes humaines (en particulier les femmes éthiopiennes en attente de leur rapatriement dans leur pays), migrants morts noyés au nord Liban après le naufrage de leur bateau de fortune en espérant atteindre les côtes turques ou chypriotes, émigration de jeunes chrétiens ou musulmans diplômés vers l’Europe fortement touchés par le chômage, ou encore le problème des suicides en nette augmentation.
Mgr César Essayan a évoqué le « Hope Center Liban ». Un lieu d’échange et d’écoute qui permet de redonner espoir à ses bénéficiaires, à leur famille et entourage, et renforce le « vivre ensemble » grâce à des activités collectives (formations, tables rondes, conférences, rencontres sectorielles ou espace de convivialité). « Cela reste une « goutte d’eau » pour la jeunesse mais c’est une initiative qui reste importante.«
350 écoles chrétiennes libanaises
Au Liban, les communautés religieuses soutiennent tout particulièrement la population, notamment au niveau éducatif. On recense environ 350 écoles chrétiennes dont 129 sont soutenues par l’œuvre d’Orient. Après de longs mois à se battre, ces communautés sont elles-même épuisées. « Nous accusons le coup », explique Sœur Marie-Antoinette Saadé, Supérieure générale de la congrégation des sœurs maronites au Liban. « Les congrégations portent difficilement le poids de cette mission sur le terrain. Elles sont de tous les combats, présentes géographiquement, humainement et pastoralement, à travers leurs petites communautés essaimées ici et là ; avec des missions auprès de personnes âgées, à travers les écoles, les institutions sociaux-éducatives, les dispensaires et les hôpitaux.« .
Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Oeuvre d’Orient, en visite depuis quelques jours au Liban, est venu apporter son soutien aux communautés religieuses. Il alerte également la communauté internationale sur la gravité de la situation : » L’église locale prend ses responsabilités, elle est résolument engagée auprès de la population. Il appartient à la communauté internationale de prendre ses dispositions. Si le Liban s’écroule, ce sera un drame pour tout le Moyen-Orient ! Et l’Europe dont les différents pays qui la compose, ne sortirait pas indemne d’un tel drame ! «