« La foi, un don à vivre »

Avec des mots simples, sincères et forts, Gérard Testard, ancien président international de la communauté Fondacio, marié et père de quatre enfants, livre son expérience de vie dans l’ouvrage « La foi, un don à vivre » (Éd. Nouvelle Cité). Ses réflexions sont autant de conseils qui touchent à la relation à l’autre, à la prière, au quotidien, et peuvent rejoindre chacun.
 

Qu’est-ce qui caractérise votre parcours ?

Je suis né dans le milieu agricole et dans une famille de huit enfants de condition très modeste. À treize ans, j’ai été retiré de l’école pour travailler à la ferme jusqu’à vingt ans. J’ai ensuite pu faire deux ans d’études et je suis resté comme enseignant, puis comme directeur d’un centre de formation en techniques agricoles. En lien avec la communauté nouvelle qui allait devenir Fondacio, j’ai vécu une conversion. Cette rencontre exceptionnelle avec Dieu m’a marqué si fort, qu’après discernement, j’ai réalisé qu’il ne suffisait pas de donner un peu, mais qu’il fallait tout donner. J’ai quitté les différentes responsabilités que j’aimais et j’ai tout laissé pour me mettre au service du Seigneur. Je suis devenu permanent au sein de la communauté. Suite au départ du premier fondateur, j’ai travaillé avec d’autres à refonder la communauté et pour l’amener au cœur de l’Église jusqu’à la reconnaissance canonique pontificale. J’ai été président de Fondacio pendant 17 ans et je suis depuis plus de 30 ans à temps plein en Église pour le monde.
 

Comment le livre « La foi, un don à vivre » est-il né ?

J’ai toujours eu un rapport compliqué à l’écriture, compte tenu de mon histoire personnelle. Ce livre est né d’une rencontre avec une amie, Muriel du Souich [ancienne journaliste du groupe Bayard] venue avec un groupe de personnes en Afrique pour quelques jours. Elle a vu ma façon d’agir, aussi bien avec les pauvres, qu’avec les responsables d’Église ou de la société. Elle a été touchée par la foi vivante en action. Ce livre est donc plutôt une rencontre, mais j’ai eu goût à transmettre ce que je porte au nom de ma foi.
 

Vous avez choisi une certaine radicalité de vie. Tout chrétien est-il amené à vivre cette expérience ?

Dans ma conversion, j’ai reçu cette parole intérieure : « Si tu me suis, tu auras une fécondité de 100 pour 1 ». J’ai cru à cette parole, à cette fécondité que l’aventure humaine seule ne permet pas. J’ai engagé tous les domaines de ma vie dans la foi. Je travaillais à temps plein, mais j’avais un salaire divisé par trois. Comme les autres permanents, je me suis mis à vivre de dons et à rechercher des financements. C’est une forme de dépendance à Dieu, vécue avec la pauvreté évangélique : sobriété, obéissance à l’Esprit Saint. Je pense que tout chrétien est amené à faire les choix que l’Esprit Saint lui indique. Mais tout le monde ne doit pas quitter son emploi, au contraire ! Les laïcs ont à travailler au cœur de ce monde dont nous sommes co-créateurs. Pour certains, la radicalité sera de travailler en vérité dans une entreprise où règne la corruption, d’être fidèle en amitié ou dans le couple, de respecter la Création en choisissant une vie sobre, etc.
 

Quel message souhaitez-vous partager pour l’Année de la foi ?

La bonne nouvelle, c’est qu’une foi toute petite comme la graine de sénevé peut faire des merveilles ! À l’occasion de l’Année de la foi, j’invite chacun à investir ce brin de foi : le Seigneur le fera fructifier. Autre bonne nouvelle : la foi est un don. « Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ » (Lettre aux Romains 10, 17). J’invite chacun à vivre la relation entre la Parole de Dieu et la parole dite à l’intime de soi, à rencontrer le Seigneur dans les différents lieux où Il se donne : églises, centres spirituels, rencontres avec des hommes et des femmes de foi… Il s’agit d’ouvrir son cœur, de vivre ce lâcher prise et d’écouter Jésus nous demander « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Evangile selon Luc 18, 41). Plus que croire en Dieu, c’est croire que j’existe pour Dieu. Suivre le Christ, rencontrer le fils de Dieu mort et ressuscité, n’épargne d’aucune difficulté, mais permet de les traverser. Plus on touche au mystère de la croix, plus on meurt à notre péché et à nos dysfonctionnements et plus on rencontre la joie. Celle que personne ne pourra jamais nous ravir. Demeurer fidèle et recevoir sa vie de Jésus-Christ est une joie immense !
 

Gérard Testard, La Foi, un don à vivre, entretien avec Muriel du Souich, préface de Mgr Michel Santier, évêque de Créteil, 284 p., Éd. Nouvelle Cité 2012.
 

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