« La réflexion sur la Foi, nous redonne des motifs de croire et fortifie notre foi » par Mgr Jordy

Mgr Vincent Jordy

Chers amis,

Nous fêtons cette année le 50ème anniversaire de l’ouverture, le 11 octobre 1962, du Concile Vatican II qui aura été un des grands événements de notre Église au XXème siècle. Ce Concile est à l’origine d’un profond renouvellement du regard sur l’Eglise et de la manière de vivre et d’annoncer la foi.
A l’occasion de cet anniversaire, le Pape Benoît XVI invite toute l’Eglise à vivre une Année de la foi qui débute le 11 octobre 2012 et qui s’achèvera lors de la fête du Christ Roi de l’Univers en novembre 2013.

1 – Cette Année de la foi est une invitation à comprendre que le cœur de notre foi chrétienne, ce qui nous constitue chrétien, n’est pas d’abord une question d’engagement ou de morale, mais l’adhésion à la personne de Jésus-Christ, mort et ressuscité, que nous confessons comme le Seigneur de nos vies, dans l’amitié duquel nous voulons vivre avant d’être uni avec Lui dans la vie éternelle qu’il partage avec le Père et l’Esprit-Saint.
Cette Année de la foi nous rappelle donc que la foi est non seulement un acte de confiance en Dieu -le fait de croire-, mais aussi une adhésion au contenu de la foi -ce que nous croyons-, qui est récapitulé dans les professions de foi, le Credo de Nicée-Constantinople et le Symbole des Apôtres que nous proclamons chaque dimanche.
C’est ainsi que Jésus lui-même ne demande pas dans l’Evangile « Crois-tu en moi? » mais par exemple « Crois-tu, toi, au Fils de l’homme? » (Jn 6, 35) ou bien « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Mt 16, 15), évoquant ainsi un contenu de la foi, l’accomplissement des promesses faites à Israël. C’est ainsi que Jésus interpelle les disciples d’Emmaüs, « Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire » (Lc 24, 25), rappelant ainsi qu’il s’agit bien d’adhérer à une personne avec le cœur, mais aussi d’accueillir une vérité, des lumières dans son esprit, lumières qui deviennent force pour la prière et l’action. Pour cette raison, Jésus leur explique ensuite « dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24, 27).
L’apôtre saint Pierre (1P 3,15) lui aussi invite les membres des jeunes communautés chrétiennes à toujours « rendre raison de l’espérance », c’est-à-dire d’être capables de partager les motifs de leur adhésion à la foi, afin que, comme le souligne saint Paul (Rm 12, 1), leur culte soit un
« culte raisonnable ».

2 – C’est pourquoi notre Église, dès les premières générations, va chercher à approfondir le mystère de la foi. Elle stabilisera progressivement ce qu’elle croit, sous l’action de l’Esprit Saint, dans des « formules de foi », des « professions de foi » qui ont traversé les siècles et sont arrivées jusqu’à nous. Elles récapitulent l’essentiel de ce qui constitue la foi catholique.
Ces formules de foi, l’Eglise va continuer à les approfondir. Des temps monastiques, en passant par la création des universités au Moyen-âge, des grands spirituels de la Renaissance jusqu’aux divers mouvements d’Eglise, le mystère de la foi va être enseigné, réfléchi, approfondi. C’est bien le sens de la promesse de Jésus qui nous assure que l’Esprit Saint nous conduira vers la vérité toute entière.
Nous comprenons donc que lorsque nous disons « Je crois en Dieu », nous proclamons la foi commune qui est un acte personnel, mais que nous vivons en communion avec toute l’Eglise qui est porteuse de la foi à travers le temps. La foi est donc un don de Dieu qui nous donne de croire par sa grâce ; elle est un don de l’Eglise qui la transmet à ses enfants. C’est bien pourquoi cette foi est précieuse. Souvenons-nous que des hommes et des femmes, les martyrs, ont donné leur vie à travers les siècles pour rester fidèles à la foi de l’Eglise. Aussi avons-nous besoin de guides sûrs et expérimentés pour la réfléchir. C’est aux apôtres et à leurs successeurs que le Christ a confié cette mission (cf. Lumen Gentium n° 25) [1].
C’est la raison pour laquelle en ce temps de l’Année de la foi, un guide fiable, le Catéchisme de l’Eglise Catholique, qui est un fruit authentique du Concile, nous est à nouveau confié. Nous sommes invités à ouvrir ou rouvrir ce livre pour approfondir notre foi de manière sûre et complète.

3 – Cette réflexion sur la foi est d’autant plus importante de nos jours que le contexte général, en occident, n’est souvent plus porteur pour vivre la foi. Nous avons donc besoin de cette Année de la foi, non pas d’abord pour nous redonner quelques vagues convictions, mais pour accueillir ce que Dieu veut nous dire, nous révéler de Lui et de nous-même. Cette démarche est non seulement nécessaire mais vitale, car la foi qui n’est plus réfléchie ou nourrie court le risque de s’étioler et de mourir. Ainsi, la réflexion sur la foi nous redonne des motifs de croire et fortifie notre foi. Saint Augustin le disait déjà dans une formule explicite : « Oui, il faut comprendre pour croire et croire pour comprendre » (Sermons, 43, 9).
En effet plus on réfléchit sa foi, plus on l’estime, et plus on l’estime, plus on découvre qu’elle est cohérente et belle, plus on a le désir de la vivre et de la partager. Certainement, la foi nous donne de trouver sens à notre existence, elle répond aux questions essentielles de la vie. Mais surtout, cette réflexion sur le contenu de la foi nous donne de mieux découvrir qui est Jésus, et en le connaissant mieux, de mieux l’aimer, de le goûter, d’expérimenter son amitié, son amour.
Vivre l’Année de la foi, mieux réfléchir sa foi, c’est donc vivre un temps béni pour grandir dans l’expérience spirituelle chrétienne et en témoigner.

4 – En ce sens, de nombreuses initiatives auront lieu dans notre diocèse en cette année, qu’il s’agisse de propositions diocésaines, paroissiales ou encore des services et mouvements d’Eglise. Je vous invite à leur faire bon accueil. Ce sont des aides que notre Eglise diocésaine veut vous offrir pour vivre la foi en profondeur, la réfléchir, s’en réjouir, avoir le goût de la partager et la mettre en pratique pour devenir signe de l’Eglise servante.
Je vous encourage donc à vivre cette Année de la foi comme un chemin de renouvellement communautaire et personnel. C’est ainsi, en approfondissant notre foi, en la rendant plus vivante, que nous nous unirons toujours plus au Christ, que nous produirons des fruits et pourrons les partager aux hommes et aux femmes de notre temps qui ont soif d’une vie spirituelle authentique et cherchent un sens à leur vie.
C’est ce chemin qu’ont emprunté les saints dont le témoignage traverse les siècles et porte la saveur de l’Evangile jusqu’à nos jours. C’est ce chemin de foi qu’a suivi, de l’Annonciation à la Croix, la Mère de Jésus, la Vierge Marie. Qu’elle intercède pour nous et nous apprenne ainsi à aimer notre foi, à aimer l’Eglise qui nous la transmet, afin qu’aimant toujours plus le Christ Jésus, nous ayons le goût de l’annoncer aux autres par toute notre vie.

A Lons-le-Saunier, le 11 octobre 2012

+Vincent Jordy
Évêque de Saint-Claude
 



[1] « Les évêques sont, en effet, les hérauts de la foi, qui amènent au Christ de nouveaux disciples ; et les docteurs authentiques, c’est-à- dire pourvus de l’autorité du Christ, qui prêchent, au peuple à eux confiés, la foi qui doit régler sa pensée et sa conduite, faisant rayonner cette foi sous la lumière de l’Esprit Saint, dégageant du trésor de la Révélation le neuf et l’ancien (cf. Mt 13, 52), faisant fructifier la foi, attentifs à écarter toutes les erreurs qui menacent leur troupeau (cf. 2 Tim. 4, 1-4). »

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