Le Patriarche d’Antioche des Syriens au chevet des chrétiens d’Irak

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Toujours sous le choc de l’attentat commis dans l’église syriaque-catholique de Bagdad, le 31 octobre 2010, S.B. Ignace Youssef III Younan a rencontré en France les blessés et leurs familles. A la maison de la Conférence des évêques à Paris, le 30 novembre 2010, il a souhaité sensibiliser chacun « à la souffrance des chrétiens persécutés à cause de leur religion ».
« Que faire ? » a répété par deux fois S.B. Ignace Youssef III Younan. « Il n’est pas facile de rencontrer les survivants. Les martyrs sont auprès de Dieu » a témoigné le Patriarche Syro-catholique d’Antioche. S’il se réjouit de l’accueil des blessés par le gouvernement français, de l’action de l’Oeuvre d’Orient et des messages de soutien de l’Eglise catholique, il appelle la France, l’Union Européenne et les Etats membres de l’ONU à venir « au secours des minorités » discriminées pour des raisons religieuses ou raciales.

Les ponts jetés entre l’Occident et l’Orient doivent se construire « mais pas au prix de la vie des minorités » a-t-il alerté. Ni pour favoriser le départ définitif des jeunes. Et de plaider pour la liberté de culte et la liberté religieuse en terre d’Islam : « Il est temps de changer et de reconnaître qu’on peut être différents ». Faut-il parler ou se taire pour ne pas mettre en danger ceux restés sur place ? « On ne doit pas avoir peur de dire la vérité » répond le responsable religieux qui revendique le droit « d’être respecté et de vivre dignement » sur sa terre. Il encourage les chrétiens d’Irak à « vivre chez eux » et…à être réalistes. Des milliers d’Irakiens ont déjà quitté leur pays plongé dans le chaos depuis trop longtemps. Parmi eux, des chrétiens, privant ainsi la nation « de citoyens qui ont participé au développement de leur pays ».
 

Quels gestes concrets pour les chrétiens d’Irak ?

Qu’est-ce que les associations caritatives peuvent faire de plus ? Rien d’autre que de continuer à « témoigner de la charité chrétienne » assure le Patriarche. Il préconise néanmoins un certain contrôle du discours religieux et la mise en place de « bureaux de défense des droits » de la part de l’Union Européenne. L’avenir des chrétiens d’Irak dépend donc de réponses politiques.
 

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Un patriarche de la diaspora

S.B. Ignace Youssef III Younan a été élu en 2009 par les évêques syriaques-catholiques réunis en synode à Rome. Il était l’un des deux Présidents Délégués du Synode des évêques pour le Moyen-Orient (Rome, 10-24 octobre 2010). Il fait partie des 11 membres du Conseil spécial pour le Moyen-Orient, créé pour suivre le synode au plan régional.

L’Eglise syriaque-catholique, dont le siège est basé à Beyrouth, compte environ 175.000 fidèles dans le monde, principalement en Irak, en Syrie et au Liban. Plus du tiers des fidèles vit en dehors du Moyen-Orient, notamment en Europe Occidentale, les deux Amériques et l’Australie.

En 1932, les chrétiens en Irak représentaient 20% de la population. En 2010, ils ne seraient plus que 2% de la population soit environ 450.000. Les deux tiers sont catholiques (chaldéens, syriaques et arméniens). Le dernier  tiers est orthodoxe.

La Jordanie, la Syrie, la Turquie et le Liban sont les quatre grands pays d’accueil des réfugiés.

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