Le dialogue interreligieux progresse. « Aujourd’hui, beaucoup plus de groupes interreligieux qu’on ne le croie ont vu le jour, observe avec satisfaction Mgr Michel Santier, président du Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux. C’est paradoxal car il y a des peurs liées au contexte, mais les gens passent outre. » En cause, les débats sur la laïcité, la question autour des minarets, les prières dans la rue qui, associés au climat et aux morts de chrétiens en Irak et en Égypte, « suscitent la peur ». « Il faut pouvoir fonder théologiquement cet engagement », ambitionne Mgr Santier. L’enjeu réside donc aujourd’hui dans la formation de ces groupes et des acteurs pastoraux qui les guident afin que « ce dialogue se vive plus intensément à la base de l ‘Église ». « Plus nous serons sérieux, bien formés et exigeants dans la mise en œuvre de ce dialogue, moins nous serons considérés comme des naïfs, estime l’évêque de Créteil. Des difficultés existent, il ne faut pas les nier, mais aussi des raisons d’espérer, car l’enjeu est que nous puissions vivre ensemble dans notre pays et que la paix progresse dans le monde. »
 

Pratique du dialogue interreligieux (Documents Épiscopat n°2/2011) s’inscrit dans la continuité du numéro des Documents Épiscopat paru en 2009 Le Dialogue interreligieux- fondements et objectifs dont il reprend plusieurs éléments. Ce nouveau texte se présente comme un document pédagogique. Fort d’une dizaine de fiches pratiques, il se veut un soutien à la pratique du dialogue interreligieux. Les différents enjeux du dialogue y sont rappelés, son objectif et le cadre dans lequel il doit s’inscrire, ainsi que la doctrine du Concile Vatican II sur la liberté religieuse, les religions non chrétiennes et l’enseignement du magistère. Le texte apporte aussi des éléments de réponse aux questions et aux objections qui peuvent être pointées. Est-il un obstacle à l’annonce de l’Évangile, par exemple ? « Le dialogue exige des différents partenaires qu’ils puissent témoigner de ce qu’il s croient, explique le texte. (…) Or ce témoignage, comme tel, est précisément une forme d’annonce. (…) Le dialogue ne signifie pas de soi entente ou accord. (…) Il permet de mieux connaître le point de vue des autres croyants, donne aux chrétiens de rendre témoignage à l’Évangile – non pour imposer leur point de vue aux autres, mais simplement pour être eux-mêmes des interlocuteurs loyaux à leur propre tradition. » Le texte délivre aussi conseils et informations pratiques pour bien vivre le dialogue interreligieux (Comment réagir face à des demandes de célébrations interreligieuses ?) ; soumet des pistes de réflexion. Ce nouveau texte cherche ainsi à répondre aux besoins des acteurs pastoraux sans s’éloigner de l’essence même du dialogue interreligieux. « Le dialogue interreligieux n’est pas fait pour résoudre les problèmes politiques ou culturels, insiste Mgr Santier. Nous dialoguons entre croyants ! »